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« Louise, le venin du scorpion », de Chantal Van Den Heuvel et Joël Alessandra, Casterman, 2016



Cet album se présente comme un biopic consacré à Louise Brooks, la rebelle, alias Loulou, l’inoubliable interprète du film éponyme de Pabst. Les auteurs se proposent de retracer son parcours tragique et de brosser le portrait de cette insoumise au regard de braise qui incarne à la perfection la flapper des années folles…le portrait de cette fille affranchie à jamais de tous les corsets, au propre comme au figuré, qui lit Kant et Schopenhauer entre deux verres d’alcool. Et le moins qu’on puisse dire est qu’elle s’illustre tant par sa beauté que par son tempérament volcanique.
Histoire de bien comprendre le personnage, rappelons qu’à la Belle Époque, la flapper, c’est cette femme qui brandit sa liberté comme un étendard, qui fréquente les clubs de jazz, qui boit, fume et flirte lorsqu’elle n’est pas au volant d’une voiture de luxe. 

Outre l’histoire de cette légende du cinéma qui cultivait sa silhouette androgyne pour mieux brouiller les frontières, l’album retrace cette époque de prospérité économique et de bouillonnement culturel notamment dans le milieu hollywoodien, jusqu’au krach de 29…
Il s’ouvre en octobre 1928 à Berlin où Louise se rend pour rencontrer Pabst, le réalisateur. Celle qui déteste Hollywood voit là une possible bouffée d’oxygène et un éventuel renouveau professionnel au moment où l’arrivée du parlant la prive de rôles. Elle ne parvient cependant pas toujours à mener une vie aussi saine qu’il faudrait et à respecter les règles. Pour l’ancienne danseuse, qui vit pour l’amour et le plaisir, « la vie est un cabaret ». 

C’est ainsi qu’elle finit par s’attirer les foudres, et les coups, de George Marshall, son impresario et amant attitré. 
C’est également ainsi que la belle se consume, entre nuits écourtées, amphétamines et somnifères. Son existence n’est finalement qu’un long processus d’autodestruction qui la conduit jusqu’à la prostitution après avoir fait le malheur de tous ses riches amants, dont Charlie Chaplin.

« Je suis le poignard de ma propre plaie. 

Le récit est rythmé et bien mené, mêlant le détail biographique à une approche historique plus large. Il accorde une bonne place à la psychologie de celle qu’on surnommait aussi l’Orchidée noire. Le dessin varie les plans et s’appuie sur un jeu de couleurs intéressant, il rend par ailleurs un bel éloge à la beauté sulfureuse de l’héroïne. 

Lecture effectuée dans le cadre de

hébergée cette semaine chez Stephie de Mille et une frasques

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