Voilà un joli conte moderne de 150 pages qui me réconcilie avec Véronique Ovaldé ! Pour l’occasion, elle s’associe avec Joann Sfar, dont je n’ai guère apprécié les dernières productions non plus. Cette coopération est pour le moins une réussite !
Posons d’abord le cadre, un immeuble sis au 12 de la rue Céleste Cannard et conçu par l’architecte H. Baluchard en 1904. Ce qui est fort étonnant pour l’époque c’est que le H soit celui d’Hadrienne…
80 ans plus tard il abrite de vieilles demoiselles aux cheveux bleus, quelques jeunes couples et des familles qui apprécient le calme du quartier ainsi que son côté province.
Nathalie, alias Sucre de Pastèque pour palier un prénom qu’elle juge trop commun, occupe un appartement du cinquième avec sa mère. Cette fillette fantasque fréquente l’école primaire du coin, mais elle a ce jour-là négocié avec sa mère de ne pas s’y rendre. Enfin, peut-être est-elle surtout parvenue à la berner…Sucre Pastèque ne manque en effet ni d’imagination ni de caractère. Pour vous donner un aperçu de son tempérament, sachez qu’elle dort sur le ventre les bras serrés contre sa poitrine pour que ses seins ne poussent pas, qu’elle boycotte les matières grasses parce que pour paraître intelligente il faut être mince et porter des pantalons…et qu’elle préfère la solitude à la fréquentation de ses congénères qu’elle trouve trop nuls.
Comme nous sommes dans les années 80, elle en profite pour écouter des cassettes, notamment celles de Cyndi Lauper et des Pogues.
Elle se sent incomprise et mélancolique, deux sentiments qu’elle entretient par jeu et par plaisir, deux sentiments qui sont étrangement alimentés par ses lectures. En quelques mots Nathalie se situe « à l’exact mitan de Boucle d’Or et Anaïs Nin ».
A sa manière, elle transfigure ainsi la réalité en la passant au crible de son imagination débordante.
Mais voilà qu’un garçon bègue, et légèrement obsessionnel, frappe pour emprunter une potentielle pompe à vélo …face à cette drôle de fille Eugène perd un peu ses moyens. Serait-il sous le charme ? C’est étrange, d’habitude il s’intéresse surtout aux dinosaures ! « Mais cette fille » « c’est comme un perroquet exotique qui agiterait ses plumes luisantes. ».
Véronique Ovaldé revisite alors l’amour courtois et ses codes. Eugène se transfigure en
chevalier-gentleman et s’ingénie à accomplir les épreuves que lui propose Sucre Pastèque, non sans une certaine autorité. Le principe est simple, elle les note au verso de ses devoirs d’anglais et les dissimule au pied d’un ficus. Le jeune garçon semble prêt à tout pour satisfaire sa Belle, on pourrait même penser que l’héroïsme le guette.
Cet album, illustré par un Sfar assez inspiré, est aussi l’occasion d’une galerie de portraits savoureux, entre la mère de Nathalie, « une figure de volupté lasse », et les vieilles voisines.
L’écriture est incisive, drôle et tendre, les commentaires amusés de la narratrice et ses jeux avec le lecteur savoureux. Au-delà de l’amour, il explore aussi la thématique de la différence et son rapport problématique à l’école.
A savourer sans modération quel que soit son âge !
Moi en se moment je lis des chaires de poule Et Des the walking dead mais ton livre à l’air sympa à lire, moi j’aime lire
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C’est une saine et belle activité ! Bravo !
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J’avais hésité à le prendre au moment de sa sortie et puis, je sortais déjà de la lecture d’un album de Sfar. J’aime bien Sfar mais c’est toujours à quitte ou double. Alors pour ne pas trop tenté le diable, et malgré Ovaldé, j’avais reposé.
Ça a l’air rudement sympa cet univers. Je me note le titre pour y penser la prochaine fois que j’irai me « réapprovisionner » 😀
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J’ai hésité aussi.Je suis devenue allergique à Sfar et le dernier roman d’Ovaldé m’a terriblement déçue.J’ai fait confiance à la libraire et je n’ai pas regretté !!!!
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