Si l’on en croit les informations, le monde semble aller bien mal : là des guerres, des privations de liberté, ici des gens qui meurent de faim et partout la pollution. Certains s’interrogent sur la terre que nous allons laisser à nos enfants, d’autres préfèrent ne pas procréer, d’autres encore vivent présentement, sans se soucier de ce qu’ils ne connaitront pas. Après nous le déluge !
Daniel Picouly refuse de se résigner et de se laisser aller à la morosité. C’est un appel à l’optimisme et surtout à l’action qu’il lance aux enfants dans cet album superbement illustré par Nathalie Novi.
Chaque double page se compose d’un texte poétique et d’un dessin sur fond de carte géographique. Chaque poème ouvre un possible à partir d’une formule presque magique, « Si je pouvais dessiner le monde » qui introduit une analogie. Le monde pourrait alors être un livre d’histoires sans frontières qu’on lirait à voix haute, une composition musicale, un cheval sauvage ou encore un fou amoureux… Il joue alors avec les métaphores filées, les mots et les créations lexicales : le monde « cymbale et marche au pas ». Il confronte ensuite chacun de ses rêves à ses détracteurs pour mieux les contrer. La planète n’est pas condamnée à la grisaille, aux divisions, aux pages déchirées.
« Bien sûr on me racontera
qu’il n’est pas ainsi, le monde,
qu’amour et toujours n’est rime riche
que pour les pauvres d’esprit,
qu’on ne doit conjuguer le verbe aimer
qu’au conditionnel passé ».
Ces possibles s’adressent aux enfants du monde, présents dans les illustrations, héritiers de ce triste gâchis, et les invitent à bâtir de concert « une cité-puzzle »
« C’est ton métier, enfant,
de recommencer
ce que les grands ont abîmé. »
Comme souvent chez Rue du Monde le design de l’album est très plaisant et le propos empreint d’humanisme. La lecture peut cependant nécessiter un accompagnement, certaines images poétiques ne sont pas si simples….Je reste en outre un peu gênée par ce poids qu’on place sur leurs épaules.