Littérature française

« Un certain M.Piekielny »,François-Henri Désérable, Gallimard,2017 (Rentrée littéraire 2)


Après le plaisir goûté à la lecture d’Evariste, j’attendais avec d’autant plus d’impatience le nouveau Désérable, que j’ai aussi un faible pour Romain Gary.

La narration s’ouvre sur un hasard, un concours de circonstances comme je les aime. Il n’a pas fallu moins d’une passion pour le hockey, d’un enterrement de vie de garçon en Biélorussie, d’un avion surbooké et d’une étourderie, du simple oubli de son portefeuille sur une table de restaurant pour que l’auteur ne se lance dans une quête presque vaine et dans cette curieuse biographie qui revisite le genre de l’autobiographie.
Le narrateur se voit en effet contraint de faire un détour par Vilnius. Le voilà qui déambule dans les rues en trainant péniblement ses valises. Il erre un peu au hasard dans l’attente de son train lorsque son regard s’attarde sur une plaque adossée à la façade d’un immeuble : ici vécut Romain Gary, écrivain et diplomate, de 1917 à 1923.
Il n’était alors que le jeune Roman Kacew, celui qui alimentait les rêves de grandeur de sa mère, si l’on en croit ses révélations dans « La Promesse de l’aube », un ouvrage que le jeune Désérable a lu et relu.
Mais « comment distinguer ce qui relève de la littérature de ce qui n’en est pas. »
Dès lors l’évocation de cette figure littéraire se confond régulièrement avec la propre existence de Désérable qui se joue des conventions du genre, non sans humour. L’écriture est incisive, efficace, jouissive. Ce jeune auteur maîtrise le jeu des mots et de la dérision.
C’est par le biais d’une citation de Gary, une phrase que ce dernier s’était juré de prononcer partout où il le pourrait, notamment à la Maison Blanche, que Désérable orchestre son récit, mêlant la fiction aux quelques données qu’il parvient à glaner. Il choisit en effet d’enquêter sur un certain M.Piekielny, connaissance ou pure invention de Gary, et nous conte ses difficultés. Entre supputations, hypothèses plus ou moins lyriques et fantaisistes, il cherche à reconstruire cette vie, tout en nous livrant des bribes de celle de Gary et de la sienne. L’idée de départ est intéressante, intelligente même. Le projet est ambitieux. Pourtant, malgré le dynamisme du style, le récit donne vite l’impression de tourner en rond, de se chercher et l’ennui gagne progressivement le lecteur.

3 réflexions au sujet de “« Un certain M.Piekielny »,François-Henri Désérable, Gallimard,2017 (Rentrée littéraire 2)”

  1. J’avais l’intention de le lire mais l’extrait gratuit téléchargé sur mon Kindle ne m’a pas intéressée. En plus de ton avis, ceux des blogs sont encore plus sévères alors que les médias lui font une publicité d’enfer. Il me semble qu’on nous impose beaucoup de livres médiocres par ce biais.

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