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La BD de la semaine: « Les Phalanges de l’ordre noir », Bilal et P. Christin, réédition Casterman 2015


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Cela faisait un moment que j’aspirais à découvrir l’univers de Bilal, c’est chose faite avec cette réédition des « Phalanges de l’ordre noir », paru initialement chez Dargaud en 1979.

La citation de Goya, « Le sommeil de la raison engendre des monstres », en épigraphe donne le ton de cet album qui met en œuvre une nouvelle guerre civile espagnole. Le récit s’ouvre sur un lieu enneigé et inhospitalier, au pied de la sierra de San Just, un terrible soir de janvier. Presque tous les hommes ont oublié jusqu’au nom de ce village espagnol qui fut jadis le théâtre d’exactions terribles. Un groupe d’hommes aux allures patibulaires, armés jusqu’aux dents, débarquent pour une opération de nettoyage. Après eux le déluge!

Ce n’est que quelques jours plus tard que Pritchard, journaliste à Londres et ancien membre de la XV° Brigade internationale lors de la guerre de 36, apprend la nouvelle de cet attentat revendiqué par les Phalanges de l’ordre noir qui s’inscrivent dans les pas de Franco et militent pour les valeurs de l’occident chrétien. Les noms de ces tortionnaires lui sont bien familiers et ses souvenirs amers l’assaillent d’autant plus que son journal refuse de s’y intéresser. Il ne lui reste qu’à rameuter les vieux amis: Donahué, désormais patron d’un syndicat riche et pourri de New-York, Barsac l’ex-gaulliste, Avidsen, ministre danois tout aussi joueur qu’aventurier, l’italien Di Manno, Katz, Stransky, la romancière jeunesse Maria Wizniewska, le professeur Kessler, Castejon , un étrange curé. Le bataillon de Nieves est presqu’au complet. Malgré les maux de l’âge, tous sont heureux de se retrouver quarante ans après. « Ces vieux schnocks des phalanges vont connaître leur douleur ! » On se sent revivre même si les opérations s’annoncent compliquées…. agitation et flicaille au Pays Basque, conditions climatiques rudes, vieillesse, actes terroristes. L’ordre noir, qui nourrit des ambitions international, est prêt à tout. Faut-il donc conjuguer avec ses états d’âme et recourir aux mêmes moyens? Qu’adviendra-t-il alors de l’honneur? De l’humanisme? Certes, « la violence révolutionnaire ne fait que répondre à celle de l’ordre établi », mais peut-on renoncer à tous ses idéaux?

Le scénario n’est plus vraiment très nouveau mais j’ai beaucoup aimé le mélange des registres, entre humour et gravité. Ces ex-révolutionnaires en mal d’idéaux qui sillonnent l’Europe sont très touchants dans leur quête aussi vaine que mortifère, même s’ils n’échappent pas à certains clichés. On peut y lire une réflexion sur la violence et sa vanité. Le dessin de Bilal, très réaliste, très pointu, très détaillé est de belle facture.

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On peut profiter, en fin d’album, d’une interview des auteurs sur leur coopération.

Lecture réalisé dans le cadre de l’opération

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