BD

« Septième étage », deAsa Grennvall, L’Agrume, Édition française 2018.



Un album coup de poing pour un sujet grave !

Autobiographique, Septième étage aborde, avec une très grande précision et beaucoup de justesse, la question de l’emprise amoureuse et de la violence qui l’accompagne.

C’est l’histoire d’unejeune fille assez ordinaire qui s’apprête à entamer ses études mais qui peine à avoir confiance en elle et à s’aimer. Le récit s’ouvre sur sa découverte ducampus d’une école d’art, sa prise de possession des lieux, son envie de déposer satouche personnelle dans cettechambreinsipide, mais aussi sans doute, son envie de couper enfin le cordon ombilical et d’apprendre à vivre pour elle-même.C’est un peu une nouvelle chance qu’elle se donne…

Elle s’efforce de se fondre dans le milieu étudiant, recommence à fumer pour avoir l’air cool, et apprend aussi à partager quelques verres.

Le monde semble vraiment s’ouvrir à elle et lui offrir de belles perspectives, surtout lorsque le destin la place sur la route du très beau et du très populaire Nils.
C’est l’idylle, l’amour fou…il lui semble qu’elle a de quoi en rendre plus d’une jalouse. Il est pourtant des signes qu’ellerefusede voir. C’est toujours très insidieux d’abord. 
On tient compte des remarques de l’autre, on s’adapte, on cherche à lui plaire, on modifie son comportement et ses habitudes pour un sourire, un mot gentil. Elle est mignonne cette jalousie, on comprend qu’il nous désire pour lui tout seul, on pardonne ces agacements, c’était bien notre faute…

Le cercle vicieux de l’amour peut parfois nous conduire à construire nos propres chaînes. 

 » J’ai appris à respirer sans faire de bruit. Comme ça, je ne risquais plus de respirer au mauvais moment. »

Viennent les excès, la jalousie maladive, la violence verbale, et l’autre…L’emprise qui passe par la dévalorisation de soi, la culpabilité, la marginalisation progressive et l’étau du couple qui se resserre jusqu’à l’isolement total. 

On songe bien à partir évidemment, et s’il y a vraiment un truc que je ne supporte plus, ce sont les paroles acerbes de ceux qui jugent et qui pensent qu’on reste par plaisir. Personne ne peut se complaire dans une situation. Il lui manque juste le ressort, souvent la main tendue aussi pour tenter de relever l’épave qu’est son moi en miettes.

La narration est particulièrement efficace et démonte l’ensemble des mécanismes qui caractérisent ce type d’emprise. Elle est soutenue par un graphisme assez naïf mais ô combien expressif qui va à l’essentiel. Quant au choix du noir et blanc, il colle évidemment bien au sujet.



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