
Ce roman réunit une bande de jeunes à Casablanca dans les années 90. Appartenant à des mondes différents ils se retrouvent sur des spots priviligiés comme la plage 56 ou le Café Billard. Leurs espoirs, la découverte de l’amour leur permet de transcender un temps leurs classes sociales, leurs ethnies, mais un temps seulement. « L’ordre » finit par l’emporter.
Même si Sarah, Yaya, Driss, Chirine semblent profiter des plaisirs simples comme la mer, le sable, les bruits des vagues et de la ville toute proche, on est loin du temps de l’innocence dans ce Maroc contrasté, pris entre le poids des traditions et la tentation de la modernité. Ce Maroc où les amours sont conditionnées par l’argent et l’appartenance dès qu’il ne s’agit plus de simplement compenser un certain désœuvrement.
C’est contre cette réalité que les fantasmes de réussite sociale de Sarah vont s’effondrer. Pourtant, du haut de ses 16 ans, cette jeune française qui a échoué au Maroc avec une mère en perdition, fait bien des efforts pour sortir enfin du quartier de Hay Mohammadi et de cette maison qui tombe en ruines. Nourrie de films égyptiens et de telenovelas qui alimentent ses rêves d’Amérique, de gloire, d’amour et de beauté, elle troque son corps contre un sandwich au bar du coin, une pizza…Sa stratégie est simple : cacher sa pauvreté et traîner avec les riches dans l’espoir d’en épouser un…Driss, le gars aux yeux de thym, celui qu’on dit plus riche que le roi, pourrait bien être celui-là…
Le récit fait ainsi le portrait d’une jeunesse sensiblement désolée face à l’ennui et à l’hypocrisie sociale et morale, une génération contrainte d’assouplir ses rêves et ses idéaux lorsque vient le temps du passage à la vie d’adulte. L’argent règne en maître, comme un personnage essentiel, comme un fil tragique qui orchestre finalement les relations entre les personnages. Malgré le soleil marocain, l’ambiance est assez sombre et déprimante…
1 réflexion au sujet de “« Aussi riche que le roi» Abigail Assor, Gallimard, 2021”