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« Kililana Song », Benjamin Flao, Futuropolis 2012 et 2013


Premier album solo de Benjamin Flao, salué par la critique.

Cet album qui comprend deux tomes, nous invite à une immersion dans un Kenya bien différent des images que l’on nous en donne.

Benjamin Flao, adepte du carnet de voyage, évoque la vie dans l’archipel de Lamu à travers le regard mi- espiègle mi- naïf de Naïm, un gosse de 11 ans qui connait plus le monde de la rue que les versets du Coran. Il faut dire qu’il passe sa vie à faire la madrassa buissonnière pour esquiver tout autant l’ennui que les coups. Ceci n’est pas du goût de son frère Hassan qui régente sa vie depuis la disparition de leurs parents. 

Tandis qu’Hassan se livre à de vaines courses poursuite dans la petite bourgade, Naïm se plait à admirer le ciel et la mer depuis les toits, à marauder des mangues fraiches et à observer ses congénères depuis les hauteurs. Vous l’aurez compris ce petit diablotin a autant de surplomb que d’aplomb !

Comme beaucoup de gosses de son âge, Naïm vit d’expédients, de petits jobs et de petites combines. Il s’improvise ainsi livreur de Qat, herbe locale, ce qui lui permet d’échanger de longues heures durant avec le vieux Naarda, ce philosophe pour lequel « la vie est une machine compliquée et parfaitement réglée qui transforme les joyeux toutous en vieux chiens galeux et aveugles. ».

   « L’homme est aussi une machine parfaitement réglée et extrêmement complexe qui, avec un art infini, transforme en urine le vin rouge de Chiraz. […] Quel est le plus grand plaisir, boire ou pisser ? »

Ce grand sage lui raconte ses histoires de vieux marin et lui conte le temps où l’archipel était prospère. 

La vie de l’archipel a en effet perdu de sa tranquillité depuis que certains promoteurs véreux s’y sont installés. A cela s’ajoutent les trafics de drogue, la prostitution et les « gagneuses » du port, le djihadisme et les projets cinématographiques de Luigi.

Le récit est extrêmement rythmé et prend même des allures de thriller. Les aventures de notre Tom Sawyer Africain sont aussi l’occasion d’une incroyable galerie de portraits, entre Jahid, le petit trafiquant en mal de séduction, le vieil Ali, « ultime descendant des gardiens de l’arbre sacré, Selim le muet, qui est pourtant « le mec le plus bavard de la terre », sans oublier Sker le fou « toujours en dérangement, la Tantine, un peu dépassée, et le grand copain Mohamed spécialiste de l’épluchage de crevettes pour 3 francs 6 sous.

L’album est dépaysant à souhait, drôle aussi puisque Naïm n’a vraiment pas la langue dans sa poche. Le graphisme est tout aussi séduisant. Benjamin Flao sait incontestablement créer les atmosphères, entre réalisme et onirisme. Son trait est très dynamique et souvent très travaillé. La mise en couleur et les détails de certaines planches sont un ravissement, tout comme les cadrages et la composition. 

Lecture effectuée dans le cadre de

hébergée cette semaine chez Moka du blog Au plaisir de lire

Pour en savoir plus, le blog de l’auteur : http://b-flao.blogspot.com

21 réflexions au sujet de “« Kililana Song », Benjamin Flao, Futuropolis 2012 et 2013”

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