
Traduit de l’italien
Aujourd’hui un billet sur une lecture plaisante qui ne m’aura pas marquée plus que cela, un récit d’enfance qui s’ouvre à Naples, dans les quartiers espagnols en 1946.
Du haut de ses huit ans, Amerigo Speranza, élevé par une mère seule, n’aime pas l’école, sans doute parce qu’il a le sentiment qu’elle ne l’aidera pas plus à résoudre la pauvreté ambiante qu’elle lui permettra de trouver un remède à son problème de chaussures. Eh oui, Antionietta a beau se démener pour assurer leur subsistance, elle n’a pas les moyens de lui en offrir une bonne paire à sa taille.
Avec Tommasino, son copain de pomme, il sillonne la ville en quête de menus larcins et de bonnes idées pour améliorer leur quotidien.
Mais son quotidien c’est aussi la présence-absence de Luigi, son frère ainé mort avant sa naissance, qui occupe encore grandement l’esprit de sa mère. C’est aussi Forte tête, l’amant de cette dernière, et accessoirement trafiquant en tout genre. C’est aussi la complexité d’une relation avec une mère enfermée dans la pudeur de ses sentiments et sa gêne de ne pas savoir écrire.
Pourtant, en ces temps d’après-guerre, comme nombre de familles napolitaines, elle s’interroge sur l’avenir de son fils et finit par accepter la proposition des communistes, Maddalena Criscuolo en tête. Après un bilan de santé, son fils se verre doté de chaussures à sa pointure et d’un manteau neuf ainsi que d’un numéro matricule, avant de prendre un train pour le Nord. Le copain Tommasino est du voyage, ainsi que la jeune Mariucia, la fille du cordonnier. Convaincue qu’elle agit pour son bien, Antionietta, le vit cependant comme un déchirement, tandis que la tristesse angoissée d’Amerigo est forte. Adieu le basso, advienne que pourra !
Une fois dans le nord, où la vie est plus prospère, ils sont accueillis dans des familles volontaires pour leur offrir un temps plus ou moins déterminé, une existence plus douce. C’est ainsi que notre garnement découvre une école qui ne ressemble pas à l’école des taloches, ainsi qu’une famille aimante qui ne manque de rien.
» Ici, il y a de la di-gni-té! »
C’est aussi la possibilité de toucher un violon… et cela il en avait rêvé !
Sa vie s’en trouvera-t-elle bouleversée ? Comment vivra-t-il son retour à Naples ? Je vous laisse bien évidemment le plaisir de la découverte…
Le récit, mené du point de vue d’Amerigo, est frais, un tantinet espiègle, mais il est aussi empreint d’une certaine émotion. Outre le fait qu’il revient sur un épisode historique et une pratique dont on a peu parlé, il pose en filigrane les questions du rapport filial et du sentiment d’appartenance.