Jeudi 23 octobre, Séville, au petit matin (enfin 9h37 puisque nous sommes en vacances). C’est notre dernière journée, mais comme il pleut à torrent, nous décidons de savourer tranquillement nos œufs/jambon (pata negra, comme il se doit) avant d’envisager un ultime marathon arrosé. Sans aucun respect de la bienséance, comme souvent, je profite d’un court instant où l’homme se trouve en cuisine, pour consulter mes mails. Et là, ô incroyable surprise : on me propose un poste très intéressant à Nouméa alors que je n’y songeais plus. Mince ! Je ne peux pas garder l’info pour moi. Me voilà contrainte d’avouer que j’ai allumé ce fichu smartphone !!!!
Il fait subitement très chaud dans cet appartement qui prend comme un air de fête alors que cent mille idées me traversent l’esprit à la minute. J’ai un délai de réponse de 72 heures, mais il nous faut à peine 10 mn de concertation pour comprendre que chacun est prêt au départ. Certes, le Pacifique me faisait de l’œil depuis un bon moment et j’avais souvent envisagé de postuler en Nouvelle Calédonie, mais c’était cette fois un projet à deux.
Cela laissait relativement peu de temps pour organiser un départ et régler les affaires courantes, mais la perspective du plus grand lagon du monde nous a bien boostés. Je remercie au passage, les règles parfois absconses de l’Éducation Nationale qui me privaient de la prise en charge d’un déménagement (même le prix du billet spécial covid – exorbitant – nous a laissé de marbre) : aucun carton à remplir ! Il a bien fallu se contenter de quelques valises.
Pandémie oblige, la transhumance s’avérait plus compliquée… Les vols commerciaux traditionnels étant suspendus, nous ne pouvions entrer sur le territoire qu’avec un motif impérieux – ce qui était le cas -, mais les places sur les vols étaient conditionnées aux capacités d’accueil dans les hôtels réquisitionnés pour la quatorzaine obligatoire.
Samedi 23 janvier : test de dépistage covid (pas vraiment une partie de plaisir tout de même) et légère angoisse jusqu’aux résultats.
Lundi 25 janvier. Départ d’Orléans à 5h du matin après un chargement rock and roll de nos affaires. Quelques valises c’est vite impressionnant ! Direction Orly pour un enregistrement encore plus rock dans la mesure où certaines valises dépassent les 23 kg. Je crois que nous avons bloqué le guichet plus d’une heure, le temps de procéder à des transvasements d’un sac à l’autre pour limiter la casse de l’excédent.

11h du matin et nous sommes HS…Une bonne chose pour celui qui espère dormir pour oublier les 12 heures du premier vol.
13h30. Nous décollons enfin, l’avion est plein, le personnel et les passagers sont tous masqués, nous éviterons également de trop nous déplacer. Je redoute la durée, mais cela passe finalement vite. Nous volons assez bas et je contemple régulièrement le paysage d’une Russie dont je mesure enfin l’étendue. Entre deux coups d’œil, je profite de l’occasion pour visionner quelques films récents… je compense la fréquentation des cinémas devenue compliquée ces derniers mois.C
Mardi 26, le matin tôt. Nous survolons les côtes japonaises. C’est dingue le nombre d’éoliennes ! Vient enfin le temps de l’escale. Bien envie de me dégourdir un peu les jambes. Quelle étrange impression que celle de cet aéroport de Narita quasiment vide alors qu’il devait grouiller de monde à une époque pas si lointaine ! Le Japon, qui connait un pic épidémique, vient de durcir ses mesures. Nous sommes directement dirigés vers une nouvelle salle d’embarquement. Tout est fermé. Pas moyen de déguster un café sans un yen en poche pour amadouer les distributeurs. Pour compenser, nous faisons les cent pas, non sans savourer de pouvoir accomplir un semi-marathon sans remplir d’attestation.



13h. Nous embarquons sur Air Calin (eh oui, même le nom de la compagnie est plein de promesses !!!). Nous mesurons immédiatement le soin mis par le gouvernement Calédonien à protéger son territoire. Les compagnies françaises sont petites joueuses… Le personnel de bord, masqué et « casaqué », nous accueille cependant chaleureusement et s’efforce de sourire avec les yeux pour nous rassurer. Non, nous ne nous dirigeons pas vers la salle d’op, mais bien vers une île covid-free (c’était encore le cas à l’époque).
Minuit. Atterrissage à la Tontouta. Ouf !!! C’est fini !!!! On ne ferait pas un tel périple tous les jours, surtout avec le masque sur le nez plus de 24 heures consécutives. Nous suivons le cordon sanitaire. Prise de température, vérification de l’attestation de motif impérieux et des résultats du test. Par les temps qui courent, le passeport deviendrait presque anecdotique. Nous sommes alors immédiatement pris en charge par la sécurité civile et les pompiers. Les uns nous dirigent vers des bus, les autres chargent nos bagages dans des camions. Nous les retrouverons devant la porte de notre chambre. Oserai-je avouer que c’est un soulagement pour nos corps fatigués ??? L’opération prend un certain temps, malgré une organisation phénoménale. Simplement, nous sommes nombreux et nous débarquons tous pour plusieurs années…La montagne de bagages est somme toute impressionnante.
Mercredi 27. 1h30 Nous démarrons enfin. Nouméa est à 40 km et c’est escortés par la police que nous gagnons notre lieu de villégiature. Durant le trajet, un pompier plein d’humour nous rappelle les mesures anti-covid et les règles de vie qui nous attendent.
2h30. Le Nouvata nous ouvre ses portes. Une armée de volontaires et de pompiers nous accueillent et nous remettent de quoi nous sustenter ainsi qu’un kit de ménage. Nous découvrons les 30 mètres carrés qui nous sont alloués et dinons sur notre terrasse avant de tester la grande baignoire ronde. Pas du luxe après plus de 24 heures de voyage !
Mercredi 27 11h. Le Vice-Rectorat a vraiment bien fait les choses et nous ne pouvons que saluer le sens de l’organisation des Calédoniens qui n’a d’égal que leur sens de l’accueil. Les puces de téléphone commandées nous sont livrées dans un joli sac cadeau qui comporte également des cartes et des documents touristiques, ainsi qu’un mug orné de paysages diaboliquement exotiques histoire de nous mettre en appétit pour l’après.
Peut-être vous demandez-vous alors à quoi ressemble une journée en quatorzaine … sachez qu’elle est rythmée par deux prises de température et par les 45 mn de promenade quotidienne. Les sacs repas (plutôt bons) nous sont distribués 3 fois par jour devant la porte, ainsi que les bouteilles d’eau. Les promenades regroupent une vingtaine de personnes et, pour éviter trop de routine, l’horaire dédié à chaque groupe change tous les jours selon un planning strict. Consigne nous est donnée de respecter la distanciation sociale, mais nous avons surtout ordre de ne toucher ni une fleur, ni un caillou. Nous ne sommes d’ailleurs pas autorisés à appuyer sur le bouton de l’ascenseur. Nous sortons masqués, évidemment, et retrouvons le plaisir du gel avant et après cette petite sortie. Le parcours est balisé, il nous revient ensuite de varier les sens de circulation d’un jour à l’autre pour éviter cette curieuse impression de tourner en rond. Il est cependant curieux de constater que l’Humain doit avoir un sens inné et inconscient de l’ordre et de l’habitude, parce que globalement, tout le monde a inlassablement enchainé les tours dans le même sens durant tout le séjour. Les plus téméraires chaussaient leurs baskets le temps d’un jogging circulaire par trente degrés. Je suis particulièrement admirative !





Malgré tout, les jours ne nous ont pas paru longs. Nous avions de quoi travailler, le vidéoprojecteur faisait le reste. Tout est affaire de rythme. Même le cyclone Lucas n’a guère perturbé ce temps de latence.
Lundi 8 février. La sortie approche. Nouveau test covid et donc pas de promenade, histoire d’être bien certain que personne ne risque une contamination dans l’intervalle. On occupe ce temps en refaisant les valises.
Mardi 9 février. C’est l’effervescence. On discute de balcon à balcon pour tuer l’attente.
17 h. Pompiers et volontaires s’occupent à nouveau de nos bagages. Ils les chargent même dans les véhicules…Nous les remercions encore une fois. Ils auront bien mérité les applaudissements et la hola partis des balcons !
Sur le parking, nous ôtons nos masques, et nous avons cette étrange impression de basculer dans ce fameux monde d’après dont on nous rabat les oreilles depuis presqu’un an…
19 h. Il nous semble alors dingue de penser que nous sommes dans l’un des très rares endroits du monde épargné par ce fléau. Il faudra bien un mojito pour fêter cela…

Quelle aventure ! Mais bon, ça en vaut la peine j’imagine ! Bises !
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Bises Caroline ! Oui, je suis ravie de faire cette expérience même si Orléans me manque régulièrement . Il faut croire que je vieillis.
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Je n’avais plus le temps de me promener sur les blogs mais je reviens et je te découvre repartie à l’autre bout du monde ! En effet, quelle organisation. Profitez bien, ça a l’air magnifique dans tes différents billets…
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Merci Estelle ! Contente de te croiser à nouveau. Je renoue avec la blogosphère moi aussi.
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Bonjour Estelle, les paysages sont en effet à couper le souffle !
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