Avec ce titre, Philippe Claudel signe un livre quelque peu dérangeant, une curiosité qui laisse son lecteur aussi dubitatif que réjoui, à la condition expresse qu’il soit parvenu à le lire au troisième degré.
L’ouvrage s’organise en une vingtaine de nouvelles que l’on peut lire isolément mais qui semblent cependant rapportées par le même narrateur, un cadre dans une grande entreprise qui surprend par son regard aussi blasé que décalé.
Le ton est donné dès les premières lignes :
» Hier matin j’ai acheté trois hommes. Une tocade. C’est Noël. Ma femme n’aime pas les bijoux. Je ne sais jamais quoi lui offrir. » » Un pour chaque orifice. »
Hélas, l’épouse rappelle qu’elle s’est lassée du sexe multiple.Ils sont d’ailleurs las de tout ou presque et la vie se déroule longuement et lentement.
Claudel s’attaque à certains travers des êtres et des sociétés modernes, en les poussant à leur paroxysme, recourant à un humour noir féroce au possible. Ces nouvelles « horribles », qui sont autant de crimes de lèse-humanité, interrogent nos potentielles monstruosités, qu’il s’agisse d’amour, de sexualité, de travail, ou de relations humaines au sens large. Sexe désabusé ou débauché, zoophilie, anthropophagie, rien n’échappe à sa sagacité. S’appuyant sur des phrases courtes, souvent nominales, sur des conversations déconstruites, il joue avec les limites d’un absurde renouvelé et nous conte ce monde où plus rien ne choque, pas même ces parcs à pauvres aux allures de zoo, ni les corps endormis des vagabonds qui finissent par faire le bonheur des galeristes…
Étonnant de la part de Claudel ! Mais non, ça ne me donne pas du tout envie.
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Oui c’est presque un hapax dans sa bibliographie.
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