Il m’a fallu gagner en maturité pour apprécier à leur juste valeur les tragédies de Racine. Etudiante, je percevais bien le travail, la richesse de l’écriture, mais je restais, je crois, insensible à l’univers ainsi représenté. Une certaine beauté m’échappait, qui réside sans doute tout autant dans cet incroyable sens de la concision que dans la justesse de l’analyse des passions humaines.
Dans Britannicus, Racine s’inspire notamment de Tacite pour évoquer le basculement de l’empereur Néron dans sa folie monstrueuse. Homme d’Etat adulé par son peuple, le jeune homme inquiète sa mère, Agrippine, qui perçoit d’autant mieux cette évolution mauvaise que son fils a de qui tenir. Comme elle le souligne, il lui doit son statut d’empereur acquis au prix de nombreux meurtres et autres compromissions. Elle n’a en effet pas hésité à écourter la vie de son époux ni à évincer du trône le malheureux Britannicus…
La tragédie met donc aux prises Néron et sa mère, mais aussi Néron et Britannicus auquel il vole la belle Junie.
Finalement, Racine, c’est un peu Dallas en beaucoup plus fin et en mieux écrit !!!! Amour, gloire, jeux de pouvoirs, rivalités intempestives et coups fourrés, un univers où tout est permis… (Je plaisante bien sûr ! ).
L’intrigue politique, qui se double donc d’une rivalité amoureuse tragique, est en outre l’occasion pour le dramaturge de s’interroger sur les courtisans, la loyauté et l’hypocrisie à travers les personnages de Burrhus et Narcisse. Et sur ce plan là, force est de constater que les hommes n’ont guère changé !