Côté plume

Atelier de Leil (86) : En apesanteur


Après des mois de silence, souvent par manque de temps, je retrouve aujourd’hui le chemin de l’atelier d’écriture de Leil, du blog Bricabook
Le principe est inchangé, il s’agit de composer le texte de son choix à partir d’une photo imposée, aujourd’hui n cliché de Timo Wagner.

Voici donc ma participation

En a-pesanteur

J’aurais pu écrire que tu étais ma bulle d’oxygène. Mon havre de paix avec tes bras pour refuge. Ta bouche pour m’animer… me sustenter. Ta peau pour mieux respirer.

C’est vrai, parfois je me laisse porter par ton courant. Je crois au flux de tes paroles, qui se font vagues promesses pour mieux se dédire. Tu m’invites à profiter des alizés…et je te suis…tu m’embarques dans ton aéronef, tu m’envoles comme si le présent comptait seul. Nous évitons les nuages et les orages, comme pour les nier. Eviter de penser. Ecarter les atermoiements.

A travers tes yeux je me mire dans le soleil de septembre, et je souris au reflet de ce NOUS en balade sur les bords de Seine. Parfois la Marne. Il m’arrive de nous y trouver beaux, bien assortis même…tout simplement, vraiment bien ensemble…Il t’arrive aussi, je le sais, de savourer ces moments et d’entrevoir ce bonheur-là. Peut-être que tu voudrais bien y croire aussi…mais l’amour te fout la trouille ! Sans parler du reste.

L’Amour, nous l’avons vécu déjà, avant, séparément. Nous l’avons éprouvé. Nous l’avons fait et défait. Nous l’avons espéré autant qu’il a pu nous désespérer. C’est le jeu ! Tu penses que maintenant nous sommes trop vieux. Que cela ne t’a jamais réussi. Que c’est trop tard… Trop compliqué…Tu m’as pourtant sacrément invitée à la vivre cette histoire ! Je me sens pourtant diablement jeune à tes côtés ! J’y crois pourtant dur comme fer !

J’aurais pu écrire aussi que j’ai lu Labé et Marbeuf… qu’ « Amour inconstamment me mène », que « Je vis, je meurs, je me brûle et me noie », que « L’Amour et la mer ont l’amer pour partage »…chaque fois que ta main m’enlace, lorsque tu n’y songes pas, puis me lâche…lorsque tu te souviens….Les mots que tu ravales, les silences et les non-dits… , l’attente jouent de mes doutes et de mes certitudes, me rappellent parfois qu’ « on s’abime en l’amour »….

Mais ce que je vais écrire ce soir, c’est que je suis en la mer comme en a-pesanteur. Que j’agite bras et jambes pour chasser tes peurs et les miennes. Pour respirer encore aussi. Je dessine des cercles concentriques pour éloigner ce qui nous délie . Je veux boire ton eau, et nager encore vers tes rives pour que le présent se conjugue au futur…« Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage ». Mais je ne me noierai pas ! Je garde, comme je peux, la tête hors de l’eau, pour ne pas boire la tasse. Echapper à la gorgée fatale ! Je n’irai pas à contre-courant non plus. Je resterai loin des récifs et des hauts fonds. Je te montre juste mon chemin. Maintenant, je connais le soleil ! Je t’invite à plonger dans mon regard. Pas pour m’y contempler non, cela tu sais déjà le faire. Je voudrais que tu t’y discernes avec tes vrais contours. Que mes yeux t’apprennent à t’aimer. Après seulement, tu pourras peut-être me chérir vraiment. Je voudrais que la transparence de cette eau t’aide à y voir clair, à décider si tu prends ma main ou si tu la lâches. Après seulement, tu pourras sourire à la vie, avec ou sans moi. Après seulement…

10 réflexions au sujet de “Atelier de Leil (86) : En apesanteur”

  1. Waouuuu Sabtaill ! ça fait longtemps que je ne t’ai pas lue mais alors là tu me vois aux anges avec ce texte qui me parle tant ! Ta plume est toujours aussi divine, plus déliée que d’habitude même et cette histoire qui fait tant écho en moi ! Ce paragraphe est extra : « Que mes yeux t’apprennent à t’aimer. Après seulement, tu pourras peut-être me chérir vraiment. Je voudrais que la transparence de cette eau t’aide à y voir clair, à décider si tu prends ma main ou si tu la lâches. » et j’ai envie de dire à ton personnage de continuer à y croire car je suis persuadée qu’elle arrivera à le faire s’aimer lui-même pour ensuite qu’ils puissent vivre la continuité d’une belle histoire bien amorcée entre eux 😉 bravo !

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  2. Comme une belle déclaration d’amour! La mer est là comme une allié, une force, un point d’ancrage. Très beau

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  3. Un très beau texte. Pas facile sans doute de reconstruire un nouvel amour mais il faut effectivement y croire, se laisser une autre chance pour de nouveau ressentir l’Amour.Un grand plaisir de retrouver tes mots.

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  4. Très jolie métaphore et beau message d’Amour
    Je ne dirai pas que je suis contente de retrouver ta plume puisque nouvelle sur ce blog mais je la découvre et je l’aime

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