» Les billes du Pachinko « , Elisa Shua Dusapin, édition ZOE, 2018

Avec ce second titre, l’auteure, franco-coréenne nous propose un récit à la première personne, entre fiction et autobiographie sans doute.
Claire, qui s’apprête à fêter ses trente ans, séjourne pour l’été au Japon. Elle a quitté un temps la Suisse, son amoureux Mathieu et ses parents, pour convaincre ses grands-parents, d’origine coréenne, d’effectuer un retour aux sources.
Elle rencontre parallèlement Mme Ogawa, installée avec sa fille dans un curieux appartement étriqué, situé dans un hôtel désaffecté. Elle doit en effet officier comme répétitrice de français auprès de la jeune Meiko.
Son récit alterne donc entre deux lieux majeurs, cet univers typiquement japonais et le quartier Nippori. C’est là que vivent nombre de Zainichis, soit des coréens déportés sous l’occupation japonaise ou exilés, comme ses grands-parents, pour fuir la guerre de Corée au début des années 50.
L’intérêt de la lecture réside d’abord sur le regard qu’elle porte que la ville de Tokyo, sa pollution, ses love-hôtels, ses aliments sous vide ainsi que les Pachinkos, sorte de flippers verticaux qui s’apparentent aux machines à sous des casinos.
Elle porte un regard acéré, précis, presque clinique, sur tout ce qui l’entoure, qu’il s’agisse des lieux, des objets ou des êtres. Descriptions et analyses psychologiques sont saisissantes de réalisme, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer ses aïeuls, ce grand père qui tient encore une salle de jeu et cette grand-mère, légèrement sénile, qui collectionne les playmobils.
L’auteure s’intéresse en outre à la question des racines, au brassage des cultures et des langues source de non-dits, de conflits ou du moins de difficultés de communication au sein des familles. Elle dit l’insularité des êtres mais aussi le profond besoin d’attachement que nous éprouvons tous.
S’ajoute à cela une jolie plume et un sens inné des images originales.