Ecrivain et chanteur Comorien, Ali Zamir est incontestablement un auteur à découvrir. Dans ce roman tragique qui tient son lecteur dès les premiers mots, il réussit le pari fou d’un long monologue narratif, celui d’une jeune fille surnommée Anguille par son second père, Connait-Tout.
Aux prises avec sa noyade, Anguille nous conte sa vie à Mutsamudu, dans le quartier de Mjihari, en bord de mer. Au grè des vagues, ce qui relève d’une loghorrée extrêmement poignante, embarque le lecteur entre espoirs et désespoir.
» Je nage dans mes pensées et je me noie à cet instant où je vous parle. »
Ballottée par la houle, Anguille nous livre le flux de ses pensées, alternant sa rage parfois résignée du moment présent et ses souvenirs. Elle voudrait vivre mais se pressent bien condamnée de sorte qu’elle relit sa courte existence comme une tragédie. Orpheline de mère, elle fut en effet élevée aux côtés de sa sœur Crotale, par un vieux pêcheur loquace et autoritaire. Respecté par ses pairs, ce dernier nourrissait bien des espoirs dans l’avenir d’Anguille la sage, la bonne élève, celle qui a toujours pris soin de lui et du logis ; d’Anguille si différente de sa sœur jumelle, plus préoccupée par les garçons que par sa scolarité. Mais comme le veut le proverbe, il faut quelquefois se méfier de l’eau qui dort, surtout lorsqu’elle croise les charmes de Vorace…
Les nombreux retours sur son existence sont l’occasion pour l’auteur de décrire le quotidien des Comoriens, leurs difficultés à survivre et leurs rêves d’exil à Mayotte. Au-delà, c’est aussi un roman traitant d’un amour fou et mortifère. L’écriture ciselée, précise et poétique pénètre avec brio l’intériorité d’une jeune musulmane qui voudrait simplement exister pour elle-même, librement.
J’aime assez ce que propose les éditions Le Tripode !
Ce titre me tente plutôt !
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