J’avais deux heures à tuer dans un train, ce court roman pouvait suffire à les combler. Mais si j’aime la plume de Nothomb, j’avoue qu’elle a l’art de me laisser désormais sur ma fin.
Contre toute attente, le Comte Neuville se rend chez Madame Rosalba Portenduère, « une femme sans âge, énergique, rondelette, d’une extrême vivacité » qui exerce le métier de voyante. Loin de vouloir connaître son avenir, il aspire à récupérer sa fille disparue dans la nuit sans même qu’il s’en rende compte. C’est la chaleureuse Rosalba qui l’a découverte grelottante de froid dans une forêt.
Si Neuville est homme à masquer ses émotions, la voyante n’a de cesse de le harceler sur l’état de sa fille, malheureusement prénommée Sérieuse, ce qui a peut-être contribué à faire d’elle cette ado taciturne. Elle ne résiste pas non plus à la tentation d’une petite prédiction. Le châtelain est prévenu, il est censé tuer un invité lors de la prochaine garden party organisée par ses soins.
De retour chez lui, ce représentant d’une noblesse en perdition se morfond à l’idée de sa responsabilité dans un tel acte, parfaitement incompatible avec son sens inné de l’hospitalité.
La fête approche cependant, et elle a d’autant plus d’importance à ses yeux qu’il s’agit de la dernière, puisque ses difficultés financières le contraignent à vendre le domaine.
« Elle aurait la déchirante splendeur d’un chant du cygne. »
Nourri de ses lectures, et notamment du conte d’Oscar Wilde, « Le crime de lord Arthur Savile », et du mythe d’Iphigénie, Neuville s’interroge non sans turpitude.
Une nouvelle fois, Nothomb emprunte aux mythes et au procédé de la mise en abyme, autant d’éléments susceptibles de me réjouir quand ils sont finement exploités et surtout menés jusqu’au bout. J’ai peu adhéré aux liens qu’elle établit entre ses personnages et les Atrides, et comme souvent je regrette une fin trop précipitée….
J’ai été très déçue par son dernier roman, Frappe-toi le cœur, et pourtant j’avais envie de renouer avec cet auteur que j’ai beaucoup aimé !
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Cela fait si longtemps que je n’ai pas lu Nothomb. L’envie me fait un peu défaut.
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