Instituteur, Baptiste est un être solitaire et secret qui peine à se livrer. Entièrement dévoué à ses élèves, il préfère occuper un poste de remplaçant et ne jamais s’enraciner plus d’un trimestre au même endroit. Sa vie se résume à son cartable et à un gros sac. Il semble traverser la vie comme un voyageur sans bagage, sans attaches. Sa tranquillité se voit cependant bouleversée un vendredi soir, lorsque personne ne vient récupérer Mathias à la sortie de l’école. Séparés, les parents se sont mal compris sur le mode de garde du week-end. Sensible aux relations tendues entre Mathias et son père, Baptiste propose de veiller sur lui, sans imaginer que le gosse voudra rendre visite à sa mère.
Baptiste fait ainsi la connaissance de Sandra, serveuse sur une plage du sud, une femme aussi belle qu’écorchée vive et empêtrée dans des problèmes d’argent. Si tout semble les séparer, il se pourrait bien que leurs blessures respectives les rapprochent.
Le scénario va crescendo, tout en subtilité et en délicatesse. La caméra suit au plus près les blessures des personnages, au point qu’elles en deviennent presque palpables. Les gros plans, la caméra portée qui colle à leurs gestes, traduisent leurs sensibilités exacerbées. Nicole Garcia renoue ainsi avec les intrigues familiales qui ont assuré son succès, ménageant un contraste évident entre les grands espaces lumineux, porteurs des espoirs de ces jeunes gens, et les atmosphères de huis clos étouffant. Encore une fois, on mesure combien les non-dits et les secrets de famille peuvent être toxiques, même entre les murs d’une superbe propriété bourgeoise. La photographie de Pierre Milon donne aux décors de Véronique Barnéoud des allures de clair-obscur qui collent parfaitement au sujet. Louise Bourgoin interprète une Sandra touchante, convaincante, mais je note surtout la magistrale prestation de Pierre Rochefort, promis sans doute à un bel avenir, et pas seulement parce qu’il est fils de….