BD

« Et si l’amour c’était aimer ? », Fabcaro, 6 pieds sous terre, 2017


L’amour a toujours fait couler beaucoup d’encre, on aurait même pu croire qu’il ne restait rien à en dire, qu’on avait fait le tour de la question. Mais c’était sans compter sur la vision drôlatique de Fabcaro qui nous avait déjà réjouis avec Zai Zai Zai. Toujours à la limite de l’absurde, le bédéiste en décline tous les aspects en quelques pages…

Tout commence presque comme une série B américaine qui revisiterait le genre du roman photo, la dérision en sus. Une ville de rêve, un beau couple, Sandrine et Henri, mais aussi un service de livraison express expert en macédoine. Cela peut être pratique les jours pressés ou les soirs de flemme, mais ce n’est pas sans péril. Qui peut se croire à l’abri du coup de foudre pour Michel, le livreur, un beau ténébreux forcément ? On croit commander un menu pour deux, et on s’embarque bientôt dans un vaudeville avant de finir par rêver de noter les références d’une table basse ikéa !

Fabcaro joue avec les codes et les clichés du genre, mais il s’amuse aussi avec le langage, sur un mode surréaliste. Finalement, l’amour c’est un peu comme une chanson qu’on se repasse en boucle, tantôt intense, tantôt fadasse, une chanson qui peut prendre des intonations tellement enfiévrées qu’elles en paraissent mièvres, mais qui peut aussi avoir les accents de la douleur.

J’ai aimé sa vision décalée du couple :

« Ma chérie… Je crois qu’il n’y a rien de plus beau que le concept de couple et de vie à deux… »

« Mon chéri, avec toi la vie est une suite de surprises renouvelée chaque jour. »

J’ai adoré son regard parodique, un tantinet iconoclaste. J’ai adhéré aussi à ces quelques pages qui rythment le récit à la manière d’un chœur antique renouvelé. L’allure désuète du dessin, le choix de la trichromie et les emprunts au roman photo, les gros plans sur les visages notamment m’ont séduite.


Fabcaro, c’est vraiment tout un univers de dérision profonde. Il suffit pour s’en convaincre de méditer sur le choix de la couverture.

Lecture effectuée dans le cadre de hébergée cette semaine chez Noukette du blog Dans la bibliothèque de Noukette

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