Cinéma français

« La fille de Brest », Emmanuelle Bercot, 2016


Le cinéma d’Emmanuelle Bercot est un cinéma engagé qui aime à s’intéresser aux sujets de société. Pour ce long métrage, elle s’inspire de l’histoire vraie d’Irène Frachon, une pneumologue de l’hôpital de Brest qui fut l’une de ces héroïnes du quotidien, une femme qui aurait pu rester ordinaire mais qui s’est fait un nom grâce à son combat contre le lobby de l’industrie pharmaceutique.

C’est dans une salle d’opération que nous faisons connaissance avec cette femme au tempérament de feu. Irène a en effet établi un lien entre la prise du Médiator et des morts suspectes, autant de cas de valvulopathie inexplicables. Dès 2009, elle tente d’alerter l’Afssaps, un organisme d’Etat chargé de légiférer sur ce type de problèmes médicaux. Elle est aidée dans son combat par Antoine Le Bihan et toute une équipe hospitalière, avant de connaître l’isolement. Trop d’argent en jeu sans doute, trop de menaces, trop de carrières à ménager.

« La grande terreur des experts ce ne sont pas les effets toxiques, ce sont les labos. »

Les brestois ne ménagent pas leurs efforts pourtant, mais ils se heurtent à un groupe puissant, à une pharmacovigilance indigente ou conditionnée par des expertises à la solde du groupe Servier lui-même, malgré le précédent de l’Isoméride.
On rappelle à Irène qu’aucun médicament n’est sans risque tandis qu’on lui reproche son « obstination déraisonnable ».

Emmanuelle Bercot raconte donc, étape par étape le combat pour la vérité de cette femme tenace et courageuse qui assimile son action à de « la chirurgie de guerre à vif et sans gants ».

« Il n’y a pas de vrai combat sans peur. »

La réalisatrice mène ce récit de main de maître et nous propose un thriller médical énergique qui s’autorise quelques pointes d’humour. Son regard acéré dénonce, mais elle sait aussi faire preuve d’une grande humanité et accorder une place de choix à la souffrance des patients et des corps.

Je terminerai ce billet en saluant l’incroyable performance de l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen qui tient le film de bout en bout. Il faut croire que ce rôle de femme forte, intègre, engagée et tellement pétulante lui va à ravir. Elle déploie une fort belle énergie et décline toute une palette d’émotions.

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