De nouveau un petit détour par Madagascar avec ce court roman de Michèle Rakotoson qui nous invite à pénétrer le quotidien de la population malgache, ses difficiles conditions, ses désespoirs et ses espoirs.
Le récit prend le parti de l’enfance, une enfance courageuse et déterminée, contrainte de grandir trop vite.
A l’heure où il devrait pouvoir savourer les jeux et l’insouciance de ses 11 ans, Tovonay s ‘inquiète. Les intempéries compliquent leur existence, et quand la pluie cesse, la sécheresse prend le relais. Ravo, sa mère, peine à gagner trois sous au marché, tandis que Vahinala, sa petite sœur, connaît un état de santé critique. Endre, la grand-mère, cultive l’espoir mais les réalités sont bien là…Reboza, son père, est parti tenter leur chance à la mine. Qui sait, une belle et grosse pierre les sortira peut-être de l’ornière. Mirage de la mine quand tu nous tiens !
Ce qu’il voudrait Tovonay, c’est aller à l’école, même si les classes sont surchargées au point qu’on organise des roulements. Il nourrit le rêve de devenir médecin pour guérir sa sœur et aider son peuple. Trop souvent, son amour pour les siens et les nécessités le contraignent à remplacer sa mère au marché, à porter les seaux d’eau des kilomètres durant. En l’absence du père, c’est lui l’homme de la maison. A longueur de temps il puise dans les ressorts de son courage et s’efforce d’oublier ses craintes.
L’idée de quitter son Sud natal et de partir tenter sa chance à Antanarivo n’est pas pour le rassurer. « Allez vers la vie, allez vers la ville ! », mais la ville c’est aussi un autre combat, le monde du chacun pour soi, des rues insécures, de la corruption.
L’odyssée de ce petit garçon responsable, le récit de ses peurs, de ses luttes et de ses rêves constitue une belle leçon de courage et d’humanité qu’on devrait faire lire à nos gosses élevés peut-être dans trop de confort pour savourer leur chance.