Côté plume

Atelier de Leil (84) : Black and white, matin gris …


En ce lundi, un détour par l’atelier d’écriture de Leiloona, du blog Bricabook qui nous propose cette semaine de composer sur un cliché d’Emma Jane Browne.

Voici ma participation

Black and white, matin gris…

Black and white à l’image de cette nuit fugitive qui s’achève par une balade à l’aube. Je titube, je trébuche sur les quelques racines à peine perceptibles. Entre chien et loup, Je traine ma carcasse et mes humeurs cabossées. Certains roulent leur bosse, moi je me fais l’effet du Quasimodo de Notre Dame depuis que la Belle a pris le large. Notre Dame, qui êtes aux septièmes cieux dans les bras de cet autre, priez pour moi pauvre pêcheur ! Revenez-moi et votre nom sera sanctifié … Mes pensées louvoient, Je me raccroche aux branches comme je peux …

Black and white, comme cette soirée au Garage. Tout est dit ! Tu parles d’un nom pour une boite ! Quelques mètres carrés pour oublier…décibels et enfumage… les watts qui ricochent sur les parois pour te rappeler que ton cœur fait boum. Qui de tes tympans ou de ton cœur éclatera le premier ?! Un garage pour un type sans issue, au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable… Assieds ton désespoir sur la banquette en moleskine, aussi rouge que ce trou qui hante ton côté droit. Laisse-le se dissoudre dans les vapeurs d’alcool. Chavire dans le whisky, de toute façon, tu ne pourras pas danser, la piste est bondée.

Black and white, à l’instar de ma chemise claire maculée par les taches de la nuit et de ce jean noir huilé qui m’étrique au creux de ce petit jour. Un verre, puis deux, puis… je perds pied, j’achoppe aux branches de cet arbre majestueux au pied duquel je jure, moi l’ange déchu bancal. J’ai froid extrême et je me noie. Louise m’a quitté. L’étourdissement de l’amour le cède à l’ivresse du chagrin. Autant de délires éthyliques qui prêtent des contours étranges à ce paysage embrouillé. Ebriété désenchantée quand tu nous tiens ! Je me laisse glisser le long de ces vertiges enivrés. Je flotte, je bascule et je chois. Je m’abreuve en vain à la rosée des herbes douces, ces tiges d’argent qui s’accrochent follement à mes oripeaux.

Black and white, la pluie après le beau temps. Mourir ou vivre, il faut choisir… Il est pourtant beau ce creux de verdure où chante une rivière ! Allongé sur la rive, sous la nue, la nuque baignée par le mirage d’un frais cresson bleu, je mesure combien mes rêves ont les pieds dans les glaïeuls. Les parfums ne font pas frissonner mes narines. Ma respiration peine entre deux hoquets. Le chant de cette eau qui s’écoule paisiblement, qui suit son cours comme si mon malheur n’existait pas, me file la nausée et la migraine. Je voudrais qu’elle berce mon intranquillité, qu’elle recouvre mon âme triste de ses reflets changeants, qu’elle m’endorme enfin, jusqu’aux prochains rayons de soleil.

Black and white, matin gris…

13 réflexions au sujet de “Atelier de Leil (84) : Black and white, matin gris …”

  1. C’est entrainant, on se laisse aller à ses côtés, on tente de le comprendre, puis on lui laisse raison, seul, près de l’eau près des arbres …

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  2. Ta plume est entraînante même dans le plus grand désespoir de cet homme qu’on suit de la boîte sous l’arbre. J’ai eu peur qu’il se suicide mais ta conclusion laisse encore une lueur d’espoir 😉

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  3. Oh c’est moi où il y a de nombreuses références littéraires et poétiques dans ton texte ? Super bien disséminées ! Du coup cela donne un ton très personnel dont la base fait écho à d’autres souvenirs. Très particulier, chapeau. Suis bluffée !

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