Cinéma étranger

« Je danserai si je veux », Maysaloun Hamoud


C’est avec beaucoup de plaisir que je vais vous entretenir de ce premier film de la réalisatrice et scénariste palestinienne Maysaloun Hamoud, récompensé par 12 prix. Je goûte à la fois le cinéma du Moyen-Orient et du Maghreb, et ces films de femmes souvent aussi engagés que délicats.

Laila et Salma (Sana Jammeliah), qui partagent un appartement à Tel Aviv, accueillent une nouvelle colocataire en la personne de Nour. Si les deux premières ont fui leur Palestine natale pour mener une existence plus libre loin des carcans familiaux et religieux, Nour cherche avant tout à se rapprocher de son université. Avocate, Laila s’impose comme une femme libérée pourtant en quête d’amour, notamment dans les bras du beau et ténébreux Ziad (Mahmud Shaheby). Salma travaille dans un restaurant et aspire à vivre son homosexualité en paix tandis que ses parents n’ont de cesse de lui présenter des prétendants potentiels. En partie affranchies, elles fument, boivent et savourent les ambiances festives et les sunlights de ce Tel Aviv branché. Nour porte le voile, respecte les traditions et les règles religieuses et prépare des petits plats pour Wissam, son fiancé, un être relativement intégriste. Les 3 jeunes femmes conjuguent à merveille avec leurs différences. Elles sont là les unes pour les autres, partagent une intimité croissante tout en respectant la liberté et les convictions de chacune. Cela n’empêche pas Wissam de s’inquiéter de la mauvaise influence qui pourrait écarter sa fiancée du droit chemin.
Les dialogues, empreints parfois d’un certain humour, contribuent au dynamisme du scénario. Ces trois femmes évoquent leurs rêves, leurs craintes et leur vision de l’amour, mais elles s’efforcent aussi parfois d’expliquer leurs points de vue, leurs idéaux aux hommes qui les croisent .

« L’important c’est d’être d’accord, l’amour vient avec le temps. » (Nour).

La photographie d’Itay Gross sublime les visages et les corps et met en lumière ces héroïnes des temps modernes qui tentent de rompre avec l’obscurantisme d’une société schizophrène dans laquelle les hommes s’offrent les plaisirs d’une sexualité épanouie avec des femmes libres, mais épousent une vierge.

Maylasoun Hamoud nous propose donc un film politique et féministe touchant et militant à la fois. Il soulève la question du rapport ambigu au corps et à la sexualité, celle du droit des femmes à décider d’elles-mêmes et de leurs désirs, mais aussi, en filigrane, celle des colonies palestiniennes.

Le casting est efficace. J’ai eu un gros coup de cœur pour la superbe Mouna Haura (Laila), lumineuse et convaincante. Le jeu de Shaden Kamboura (Nour) s’appuie lui sur une palette d’émotions étonnante.

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