Rien de tel qu’un roman de Thilliez lorsque la vie semble s’immobiliser et manquer cruellement d’adrénaline. C’est addictif, saisissant, le regard galope sur les pages avec frénésie même si la peur nous gagne. Avouons-le, les intrigues incroyablement construites et documentées de ce maître français du polar sont très noires et nous plongent dans des abysses quelquefois infernaux.
Les dernières aventures du lieutenant Sharko ne dérogent pas à cette règle et déclinent le sang dans tous ses états dès le prologue qui nous conte les mésaventures d’un plongeur étrangement kamikaze dans un bassin à requins…
Epuisée, la fine équipe du 36 du quai des Orfèvres aspire à un peu de repos après la clôture d’une enquête longue et délicate. Les tensions entre les uns et les autres se multiplient et chacun aspire à contempler une herbe plus verte dans un ailleurs moins violent. Unis à la ville comme sur les scènes de crime, Franck Sharko et Lucie Hennebelle, espèrent se ressourcer auprès de leurs enfants.
Hélas, cette dernière cède cependant imprudemment à une requête de sa tante et se rend en solitaire dans une maison isolée de la banlieue sud.
Que diable va-t-elle faire dans cette cave, cet antre de malheur où elle se trouve aux prises avec Julien Ramirez, atteint du syndrome de Renfield ? Elle comprend bien vite son erreur et n’a pas d’autre choix que de le tuer pour sauver sa peau. Les événements s’enchainent alors et permettent toute l’originalité de cette intrigue. Soucieux de lui éviter la prison et de protéger sa famille, Franck la rejoint et maquille la scène de crime pour être certain que le 36 soit saisi de l’affaire.
« l’être humain était une espèce comme les autres ; il luttait pour sa survie, et Sharko ne faisait pas exception. »
Thilliez place donc la police en fâcheuse posture dans cette affaire, entre ces deux criminels chargés d’enquêter sur leur propre meurtre et un Ballanger en perdition. Le traitement de la psychologie des personnages est de ce point de vue captivant. Quelle est en chacun d’eux la part de l’ange et celle de la bête ? Comment gèrent-ils la culpabilité ? Le poids du secret ? La peur aussi de se faire coincer ? Jusqu’où sont-ils prêts à se compromettre pour sauver leur petite vie ? La tension dramatique ne faiblit jamais, le suspens est garanti. Au lecteur de choisir son camp, de juger ou non …Bien évidemment ce Ramirez et son rapport pathologique au sang n’attire guère la sympathie ! Plus que jamais, Thilliez nous joue la comédie humaine du polar, explorant les canons du genre mais aussi la noirceur de l’humanité dans ce qu’elle a de plus horrible.
Ajoutez à cela d’affreuses sangsues, des chats cadavériques, des ampallangs, des tatouages inquiétants et autant de scarifications et vous plongerez dans une machination vertigineuse…
Ne boudons pas non plus les qualités d’écriture de Thilliez …
« Un flic intègre, droit dans ses bottes ,mais qui marchait en permanence sur une terre fragile, celle des émotions à fleur de peau… celle où l’homme, en définitive, chasse le flic et devient un loup pour lui-même. »
Je n’ai jamais rien lu de lui . Pour les polars, thrillers, je me tourne d’habitude vers les anglo-américains ou l’extrême nord de l’Europe . Je retiens donc le titre . Merci pour le partage !
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Retiens surtout le nom de l’auteur, il est important de les lire dans l’ordre….
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Merci pour cet important conseil !
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