Cette nouvelle, publiée anonymement en 1662, apparaît presque comme un galop d’essai puisqu’elle contient en germe bien des ingrédients développés dans « La princesse de Clèves ». A une époque où romans et nouvelles sont encore fortement décriés, le récit se veut exemplaire. Il s’agit bien de préserver les jeunes filles des dangers de l’amour et de la passion.
« Une des plus belles princesses du monde et qui aurait été la plus heureuse si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions. »
L’auteure situe le récit à la Renaissance et accorde une plus large place au contexte historique, le règne de Charles IX et les guerres de religion qui viennent complexifier l’intrigue amoureuse.
Promise d’abord au duc de Maine, l’héroïne tombe amoureuse du duc de Guise qui n’est autre que le frère de son fiancé. De Guise le lui rend bien, et chacun rêve au mariage. Mais la maison de Bourbon voit hélas son avenir autrement, elle doit donc se résoudre à épouser le prince de Montpensier et sa jalousie furieuse.
On retrouve donc les thématiques de l’amour contrarié et de la passion, si chères à la littérature classique. Mais madame de La Fayette explore aussi les ressorts de la rivalité amoureuse et les ravages de l’amour.
La jeune femme est en effet au cœur d’un quatuor amoureux complexe. Son époux, souvent absent en raison des conflits, la confie aux bons soins de son ami Chabannes, un huguenot en rupture de ban qui se refuse désormais à la guerre. Ce dernier ne cache ni son admiration ni ses sentiments à la princesse qui n’a pourtant de cesse de lui confier son amour pour de Guise. Vous aurez compris qu’elle ne partage pas totalement la sagesse exemplaire de Mme de Clèves, même si l’honneur reste en partie sauf.
Cette nouvelle n’a certes pas l’ampleur du roman, et sa lecture peut laisser un goût d’inachevé, mais sa lecture est tout aussi plaisante qu’édifiante.