« Rodin »,Jacques Doillon, compétition officielle Cannes 2017

Très sensible à la sculpture de Rodin et généralement fan du cinéma de Doillon, j’attendais beaucoup de ce film qui a le mérite d’éviter le simple biopic et qui fait la part belle à l’époque et à l’ambiance des ateliers.
Le récit s’ouvre sur l’année 1880. A l’entame de sa quarantaine, Rodin travaille sur sa première commande de l’Etat, La Porte de l’enfer. On le découvre dans ce vaste atelier, entouré d’élèves et de modèles, affairé à la création des figurines qui composeront cette œuvre. Alors que Rose (superbe Séverine Caneele), sa compagne, vit à la campagne, il entretient également une passion dévorante avec Camille Claudel, son élève la plus douée.
La photographie de Christophe Beaucarne rend un vibrant hommage à cet univers de la sculpture, soulignant à l’infini la beauté, l’élégance et la précision du geste ainsi que la sensualité du travail du maître. Les costumes de Pascaline Chavanne et les décors de Katia Wyszkop apportent quant à eux beaucoup d’épaisseur à ce film d’époque. Le biopic ne manque pas d’intérêt non plus, puisqu’il insiste tout autant sur la passion ravageuse et, disons-le, une certaine lâcheté de Rodin que sur le processus de création et l’amertume de l’artiste qui peine à faire reconnaître son génie.
J’ai beaucoup aimé la prestation d’Izia Higelin qui nous livre une Camille plus naturelle et moins hystérique que ne le fit jadis Adjani. Je fus nettement moins séduite par Vincent Lindon, son jeu assez fade et surtout sa diction pénible.