Une nouvelle fois Amélie Nothomb se livre à une réécriture. Après Barbe Bleue ou Œdipe, elle s’intéresse cette fois au conte populaire repris par Charles Perrault qui n’est pas sans rappeler la Belle et la Bête.
Agée de 48 ans, Enide, découvre tardivement qu’elle attend son premier enfant, alors qu’elle n’y croyait plus.
« Enide attendait l’accouchement comme d’autres la roulette russe. »
Le roman s’ouvre sur son accouchement. Tout comme son époux Honorat, elle ne peut que constater que ce petit Déodat n’est qu’un bébé laid, vieux, fripé. Il reste toutefois le leur et force est de constater qu’ils l’aiment d’un amour inconditionnel.
Amélie Nothomb adopte alors le point de vue de ce petit être qui semble compenser son extrême laideur par une incroyable intelligence.
« Conscient de décevoir, le bébé se fit d’emblée discret. »
Elle nous ravit avec ce regard incisif de l’enfant sur ses parents et sur le monde, et son désir de leur plaire alors qu’il pleure lorsqu’il découvre sa laideur dans un miroir du haut de ses 13 mois….
Sur l’autre rive de la Seine, nait une petite fille qui répond au curieux prénom de Trémière. Tous contemplent cette toute jolie fillette avec son visage de poupée de porcelaine, mais tous déplorent rapidement sa forte capacité d’ahurissement.
Chacun des enfants grandit comme il peut. Déodat est un génie qui crée ses propres lois, « indifférent aux paradigmes convenus de l’intelligence. », et qui se passionne étrangement pour l’ornithologie. Trémière traverse la vie à la façon d’une contemplative. Tous deux se rejoignent finalement par les écarts qu’ils présentent avec les normes, tandis que l’auteure interroge la façon dont la laideur ou la beauté, vécues finalement come une forme de malédiction, influent sur les rapports sociaux.
La langue est succulente, le ton souvent iconoclaste. Certaines pages, acides à souhait, sont un enchantement, même si l’on peut toujours déplorer une certaine précipitation dans le traitement de la narration.
Bonne chronique !
Je le lis en ce moment pour un prochain article sur mon tout nouveau blog bookbythebay.wordpress.com
Je me lance moi aussi ! Palpitant mais stressant !
Cosmétique de l’ennemi est excellent : humour, paranoia et réflexion sur la part sombre enfouie en soi.
A bientôt ! 😉
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A bientôt sur votre blog alors !
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