Avec ce titre, Michèle Lesbre signe son onzième livre et nous offre un court récit épistolaire à la fois intime et original.
Alors que la narratrice connaît un moment difficile de son existence, elle se trouve comme hantée par une figure féminine rousse ; une silhouette évanescente d’abord, aperçue lors d’une soirée, puis une sdf prénommée Marion, qui squatte son quartier. A ces femmes d’aujourd’hui, se superpose alors la figure ancienne de Marion du Faouët, robin des bois féminin d’origine bretonne qui prenait aux riches pour redistribuer aux pauvres…Elles ont en partage le goût de la liberté et un certain idéalisme… Elle part sur les traces de l’héroïne insoumise…à laquelle elle écrit une longue lettre.
« Je suis une femme qui écrit à une femme. » « Peut-être parce qu’en écrivant cette lettre j’ai l’impression de sauver quelque chose d’intime, quelque chose qui m’a toujours portée, l’Histoire, celle qui a jalonné ma vie et qui l’a construite, nourrie, engagée aussi en un temps où il était encore possible d’imaginer un autre monde… »
Même s’il ne s’agit pas d’une biographie, Michèle Lesbre évoque ainsi à grands traits la personnalité et le parcours de cette jeune rebelle, brigande, amante et mère de famille, qui paya ses idéaux le prix fort.
« Pardonne-moi si je mets du désordre dans ta vie. Depuis le début du voyage, elle me revient par bribes et parfois me renvoie à la mienne ! La jeune femme révoltée et rebelle que tu es, dont la vie est un palimpseste que le temps colporte, après des générations de conteurs qui se la sont appropriée comme je me l’approprie, me rappelle mes propres colères, mes propres engagements, les blessures que laisse l’Histoire. »
Cette lettre, qui donne incontestablement envie d’en découvrir davantage sur le personnage, se lit avant tout comme le récit d’une rencontre entre ces deux femmes, au-delà du temps, des lieux et des conventions.