Littérature française

« Danser au bord de l’abîme », Grégoire Delacourt, Lattès, 2017


« Danser au bord de l’abîme », Grégoire Delacourt, Lattès, 2017

Avec ce dernier roman, Grégoire s’intéresse à l’amour. C’est d’abord l’histoire d’Emmanuelle, Emma pour les intimes, une femme qui à l’entame de sa petite quarantaine, est avide de nouveaux émois. Son existence, installée, confortable, manque soudainement d’intensité. Elle aspire à d’autres aventures, d’autres incertitudes, autant de mises en danger qui pourraient lui donner le sentiment de vivre véritablement.
Delacourt établit ainsi un parallèle avec la Chèvre de Monsieur Seguin, une analogie qui traverse le récit, plongeant parfois le lecteur dans de curieuses interrogations.

« Jusqu’ici mes aubes avaient été les petits cailloux d’une vie bien ordonnée, d’une promesse ancienne, celle de suivre les chemins tracés par d’autres qui croyaient aux trajectoires parfaites, ou, à défaut, aux mensonges vertueux. Mes aubes prochaines s’annonçaient venteuses.
Et l‘une d’elles bouleversante. »

C’est à Bondues, dans la région Lilloise, qu’Emma mène une vie qui va bien, auprès de ses 3 enfants, qu’elle aime, et d’Olivier, qu’elle a épousé 18 ans auparavant. Bien évidemment, la routine s’est installée, le désir s’est émoussé, les jours passent, sans relief.

« Je vais essayer, au fil de mon histoire de rendre sa grâce à la banalité d’une vie ».

Sa vie bascule dans la salle de la Brasserie André. Elle se souvient d’une ambiance à la Sautet. De cette rencontre, de ce désir immédiat pour cet homme qu’elle ne connaît pas, « Ce genre d’homme qui fait tout quitter à une femme ».
Elle lit en lui, la possibilité d’un vertige, d’un amour aussi subit qu’insensé. Alexandre la hante rapidement, elle sent le bonheur à portée de caresses. Sans plus s’appartenir, elle ne veut rien retenir. Elle veut s’offrir cette liberté là, céder aux pulsions et aux élans du cœur.

« Je crois que l’on trébuche amoureux à cause d’une part de vide en soi. Un espace imperceptible. Une faim jamais comblée. »

« Je ne voulais pas d’un amant, je voulais un vertige. »

Hélas, l’ironie de la vie l’emporte et la conduit dans camping puis dans une road story…

L’écriture est belle, sensible, les analyses psychologiques convaincantes. Delacourt joue avec nos nerfs et nos attentes, nous balade entre optimisme forcené et douleur, nous interroge. Existe-t-il un amour heureux ?

Je voudrais croire que oui !

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