Côté plume

Atelier de Leil (74) : Hybris


Allez, en ce dimanche soir presque paisible, je tente de me remettre le pied à l’étrier et de retrouver le chemin de l’atelier de Leiloona, du blog Bricabook.

Pour dérouiller mes mots cette semaine, un cliché assez étonnant  de Vincent Hequet …

leil74

Voici donc ma courte participation…

Hybris

Calculateur, il s’était montré d’une incroyable fermeté dans les négociations bancaires, n’hésitant pas à harceler sa conseillère qui avait frisé le burn out. S’il avait médité son plan depuis longtemps, sa prévoyance avait manqué d’économie. Il ne pouvait cependant pas envisager de passer outre cette opportunité qu’il appelait de tous ses vœux depuis des lustres.

Téméraire, il n’avait pas ménagé sa peine pour obtenir la signature des vendeurs. Il avait d’abord fallu se défaire du fils, un looser alcoolique qui avait tout de même offert quelques résistances inattendues. Mais un accident est si vite arrivé ! Pour la fille, cela avait été une autre histoire. Un arrache-cœur aussi, elle était si belle. Il se souvenait de la douceur de ses cheveux, fils de soie qui accrochaient le moindre rai de lumière ; de sa sveltesse ; de ce corps souple et ondulant, de ce regard d‘acier qui avait fini par lui accorder sa confiance. Il avait fallu saisir le bon moment, sans plus réfléchir, sans plus écouter les battements de son coeur. S’accrocher à cet impérieux désir, à cette écharpe, les yeux fermés et le souffle coupé…Désespérement affligée par ces deux disparitions si soudaines, la vieille n’avait plus fait de difficultés. Elle avait aveuglement apposé sa signature au bas de l’acte vente, sans même lui jeter un œil, sans même le reconnaître, lui, le fils de la bonne, le bâtard. Elle n’avait pas mesuré, elle, combien la vengeance est un plat qui se savoure froid.

Mais ce que son audace vengeresse et orgueilleuse ignorait encore, ce sont les danses furieuses des Erynnies dont seuls l’aubépine ou le narcisse auraient pu le protéger.

 

 

 

18 réflexions au sujet de “Atelier de Leil (74) : Hybris”

  1. Vraiment calculateur le pauv’garçon, mais pas assez encore, puisqu’il n’a pas encore tout vu, ha ! et Na ! Sinon c’est glaçant cette histoire, si bien menée !

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    1. Merci! J’avais d’abord déployé l’histoire autrement et puis il me semblait que ce ne n’était pas cohérent. Pas suffisamment. A force de condenser le texte initial, c’est devenu très noir.

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  2. Bon, je vois qu’il n’y a pas que moi qui ai sombré dans le sadisme sans trop savoir comment, d’ailleurs! Ton texte est terrifiant, Sabine, bravo!!

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