Conquise par la sagacité de Cerise et par sa bonne petite bouille, je poursuis la découverte de ses carnets d’enquêtes.
L’été est arrivé, c’est le dernier avant l’entrée au collège. Le mois de juillet s’annonce solitaire puisque ses deux comparses sont absentes. Line pouponne son neveu et Erica découvre les joies de la colonie de vacances. Pour combler le temps, Cerise se livre à une chasse aux trésors d’enfance dans le grenier. Quel plaisir que cette exploration de la boîte à photos! Elle se plait aussi à redécouvrir les exercices d’écriture que Mme Desjardins, la voisine-écrivain, lui proposait alors qu’elle n’avait que 7 ans. C’est agréable certes, mais la nostalgie la guette. Notre future écrivain manque de grain à moudre et d’activité. Avoir le droit de sortir ce n’est pas marrant sans les copines. Un nouveau mystère à résoudre serait le bienvenu. Convaincue qu’il suffit d’observer les gens pour trouver un sujet, elle jette son dévolu sur Elisabeth Ronsin.
Dès leur retour, elle briefe ses amies pour organiser la filature. Hélas, Erica ne déborde pas d’enthousiasme : en quoi le fait qu’une vieille dame prenne le bus tous les mardis à la même heure constitue-t-il un mystère, même si elle semble triste et ne se dépare jamais du même livre, « La rose et le mortier » d’Hector Bertelon. Là où Cerise pressent un curieux rituel, elle ne voit qu’une histoire de routine.
Mais notre Cerise ne s’en laisse pas conter au grand désespoir de son entourage. Sa ténacité se confond parfois avec une obsession. Elle n’a de cesse de déchiffrer l’énigme même si cela met en péril ses amitiés. Sa mère se lasse et s’inquiète de ses mensonges, Erica remet en doute son attachement. Même Mme Desjardins semble constater que ses visites sont généralement intéressées. Au delà de l’enquête et de la belle histoire d’amour, le scénario interroge ainsi la question de l’amitié, de ses fondements et de ses motivations.
La présentation de l’album est toujours aussi plaisante et dynamique : planches de BD, to do listes, photos, plans, notes d’investigation, lettres. Le dessin est frais, tendre et le scénario captivant. Je suis toutefois légèrement gênée par une sorte d’inadéquation entre l’âge de l’héroïne et la teneur de ses réflexions.
Il n’en reste pas moins que cette série au goût d’enfance se savoure comme un bonbon.