Je m’étais quelque peu lassée de Jean Teulé, de son langage cru, de sa vision profondément iconoclaste de l’histoire, et je serais sans doute passée à côté de sa dernière parution si une petite fée discrète n’avait pas eu l’excellente idée de me l’offrir pour mon anniversaire.
Le titre, « Comme une respiration… » rompait avec les Montespan et autre Charly, me laissait songeuse. De quoi l’auteur allait-il donc nous entretenir ?
Il n’est pas si aisé de répondre à cette question, puisqu’il s’agit d’un recueil de textes entre nouvelles, chroniques et anecdotes, émaillé d’illustrations de natures variées : photo, cases de BD, dessins.
Ce titre me semble prendre son sens de la sinistrose qui nous gagne lorsque nous écoutons les flashs info ou que nous décidons de considérer le monde. Entre crise économique, attentats, xénophobie croissante et repli sur soi, on peut en effet avoir le souffle coupé.
Teulé n’occulte pas ses difficultés, il ne nous invite pas à considérer la planète et nos vies sous l’angle des bisounours, mais il aspire à tenir à distance les maux et la violence qui nous entourent. En dehors de quelques textes plus sombres, il nous offre des moments de bonheur, des instantanés qui sont autant de respirations… L’envie est parfois grande de brûler les journaux et de savourer l’instant, d’appuyer sur le bouton pause histoire d’oublier la noirceur et de croire encore dans les possibles de l’humanité à l’instar de cette jolie fille dans un train qui troque un sourire contre sa peur et l’hostilité d’une bande de gars « aux airs boobaesques » mal intentionnés.
« Nous sommes tous plus ou moins dingues. »
Comme un clin d’œil à Polnareff, le recueil s’ouvre sur une maison-cocon de Bretagne construite au temps d’Henri IV et des guerres de religion, désormais offerte aux oiseaux. Les différents récits sont ensuite l’occasion de scènes ou de rencontres dont le lecteur fait son miel. On aime cette fantaisie sur les plaques de rue, cette étrange histoire de seins, cette vieille dame qui se souvient des caves de jazz de sa jeunesse, les calligraphies sensuelles de Lassaad qui permettent d’effacer le tumulte du monde, les journées de RTT salutaires ou encore cet arbre étrange qui prend un S même au singulier…
Au delà d’une fantaisie verbale parfois jubilatoire, des jeux de mots, de cette poésie mêlée à un langage quelquefois plus relâché qui m’a ravie, Teulé se lit cette fois comme un épicurien des temps modernes qui nous intimerait l’ordre de vivre.
« Bon, la mort, c’est réglé, maintenant on peut vivre ! »
un livre étonnant pour le peu que j’en ai entendu, pour une fois que le bonhomme ne fait pas dans le sordide, le glauque et le vicelard… J’aimerais le lire!
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Voilà! Une belle surprise, un Teulé qui se renouvelle …
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