Avec cet album, publié chez Dargaud en 2015, Zidrou signe un scénario qui revisite le Moyen-âge et les poncifs de l’amour courtois. Le récit, que Zidrou qualifie de tragi-comique, s’ouvre sur la naissance de deux êtres que tout oppose. Livia, la fille du Comte d’Astrat, belle à souhait, voit le jour dans un château tandis que Glaviot, laid et difforme, « enfant de la ribaude et du mépris de l’homme », pousse son premier cri dans une geôle sombre et glauque.
« Mieux vaut naître dans des draps de soie que sur la paille pourrie ».
L’histoire nous est contée du point de vue d’un témoin, un prisonnier se morfondant dans les souterrains du château d’Astrat.
Le lien entre ces deux êtres réside dans la personne du Comte lui-même, qui après avoir profité des grâces de la ribaude qui lui tenait lieu de mère, décide d’offrir Glaviot à sa fille histoire de la distraire. Le jeune bossu découvre enfin le jour et le monde extérieur, mais aussi les affres de l’amour.
Zidrou manie avec brio un humour décalé, parfois acide, pour évoquer ces temps ancestraux quelque peu barbares. Ce jeu constant entre le sublime et le grotesque est aussi l’occasion de portraits croustillants à l’instar de ce prêtre tellement nourri des Saintes Ecritures que « ses pets sentaient l’encens ». Les clins d’œil au temps présent et à ses inégalités sociales persistantes ajoutent encore à la saveur de la narration. Le dessin de Porcel, dont je n’apprécie pas le trait outre-mesure, emprunte cependant avec bonheur au clair obscur. Le jeu des couleurs sert parfaitement le scénario. J’ai beaucoup aimé aussi le découpage d’une même phrase sur plusieurs cases qui permet des effets de rythme intéressants.
Une lecture que j’ai tant aimée ! Une BD coup de coeur pour moi !
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