Après avoir été séduite par l’adaptation théâtrale d’Eric-Emmanuel Schmidt et par l’interprétation magistrale d’Huster, je ne pouvais que me précipiter sur cette version BD, signée de Thomas Humeau et librement adaptée du roman de Zweig. J’ai d’autant moins résisté que les Editions Sarbacane nous réservent souvent de belles surprises.
Le récit nous invite à embarquer à bord du Copernic, l’un des plus vastes transatlantiques au monde en ce 24 juillet 1947. Nous quittons alors New York pour une destination inconnue aux côtés d’Emma, une jeune femme assez délurée qui n’est autre que la fille du capitaine. Ses manières déplaisent fortement au Comte, propriétaire du navire, qui ne tolère pas non plus Solange, sa chouette.
Le périple prend une tournure inédite lorsqu’un hydravion amerrit et qu’un nouveau passager s’invite. Mirko Czentovic, le champion du monde d’échecs, un être arrogant qui cherche à oublier ses origines et son passé de jeune paysan lourdaud, taciturne, inculte et grotesque.
L’ambiance est d’autant plus tendue entre ces deux jeunes gens qu’Emma doit lui céder sa suite et que les manières de Mirko ne sont pas toujours celles d’un gentleman.
« aux dames vous avez tout à apprendre »
S’engage alors entre eux une véritable partie de bras de fer. Inconsciente Emma joue sa chambre aux échecs. Sans sa rencontre inopinée avec monsieur B, un Autrichien énigmatique et quelque peu misanthrope, elle aurait pu s’en mordre les doigts…
Les liens se tissent et se détissent alors entre ces trois protagonistes. Thomas Humeau mêle leurs destins chaotiques, leurs blessures et nous offre un match serré entre humilité et présomption. Il recourt ainsi avec plus ou moins de réussite aux analepses. Si le détour par la séquestration de B sous le régime nazi, se fond assez bien dans l’intrigue, la couture avec la jeunesse de Mirko semble plus artificielle.
J’ai apprécié à sa juste valeur cette amitié naissante entre Emma et B, ainsi que la réflexion sur le jeu, sur cet ouvrage sur les échecs qui comble la solitude de B, développe sa sagacité, ses capacités de réflexion endolories par sa rétention et qui lui permet de déjouer les pièges des interrogatoires interminables au risque de sombrer dans la folie. Le scénario, peu bavard et empreint d’une certaine intensité dramatique, est intelligemment construit. Le graphisme, soutenu par un incroyable jeu de couleurs, est plus surprenant. Les visages surtout, et quelques situations, sont presque déréalisés. On flirte parfois avec l’onirisme et certaines cases évoquent Picasso ou Miro. Le trait, dynamique et inventif, pousse parfois le lecteur dans ses retranchements.
Lecture effectuée dans le cadre de hébergée cette semaine chez Jacques
Merci SAb’
Une adaptation du roman me tente bien, mais j’ai beaucoup de mal avec le graphisme.
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je reconnais que ce graphisme peut laisser plus d’un lecteur sur le carreau. Le scénario m’a porté et le graphisme ne me gênait pas plus que cela.
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C’est vrai que le graphisme a l’air particulier mais je pourrais me laisser tenter…!
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oui le graphisme est vraiment très particulier mais passe fort bien à la lecture je trouve.
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Il faut vraiment que je le lise ce titre ! Il me fait envie à chaque fois que je vais en librairie mais, en tant que fan de Zweig, je le repose à chaque fois de peur d’être déçue et que ce ne soit pas à la hauteur de la nouvelle… Bon allez, c’est décidé, j’en fais un de mes prochains achats. Ca me donne toujours envie de voir des BD sur les blogs et voir des chroniques me décide souvent à acheter les BD en question quand j’hésite 🙂
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