Fortu signe là un petit album bien original , tant dans les thèmes abordés qua dans son concept.
Il opte d’abord pour un titre aux tonalités portugaises, Saudade, un terme immortalisé par la grande Césaria Evora, et qui dit, entre tristesse et sensualité, toute la mélancolie qui peut accompagner nos existences, tous les désirs enfouis qui peuvent nous hanter, les espoirs déçus.
Pour illustrer son propos, il orchestre des tranches de vie, des situations variées qui mettent en jeu des sentiments différents, des pans d’existence qui parfois se croisent à travers la vitrine d’une librairie ou sur le zinc d’un bar-tabac. Certains de ces êtres travaillent, aiment, songent à ce qui n’a pas pu être, regrettent ce qui est advenu. Parfois, Fortu se joue des points de vue ou confronte les générations. Il faut aussi saluer le choix des situations mises en œuvre, tout à la fois exceptionnelles et banales, avec leur lot de décisions et de sentiments illogiques à l’image de ce nouveau retraité en mal d’amour depuis qu’il a dû quitter sa machine à l’usine.
« Aucun de tes boulons, aucun de tes bruits, aucune de tes odeurs n’a de secrets pour moi. »
Au delà de ces portraits, le lecteur perçoit toute une interrogation sur le sens de la vie, son amertume teintée parfois de drôlerie, les ironies du sort. La métaphore des ricochets dans l’eau et des cercles concentriques me semble particulièrement signifiante. Mais plus que tout, ce qui frappe inlassablement les esprits, c’est cette insularité des êtres, mêmes entourés, traduite entre autres par la concision du texte et la sobriété du graphisme. Chaque page réunit deux dessins, assortis d’une à trois lignes. Le trait noir, simple et précis à la fois, rappelle les scènes qu’on peut saisir parfois sur le vif sur un coin de nappe, et sied particulièrement bien à l’esprit de l’album. Seuls demeurent les détails essentiels pour saisir la gravité de l’être.
Bien sûr, je ne résiste pas à la tentation musicale….
Lecture effectuée dans le cadre de hébergée cette semaine chez Noukette
J’avais fait bon accueil à cet album également. Pourtant, rien ne le présageait. Avec ses couleurs discrètes, il joue des silences contenus entre chaque mot, entre chaque illustration, et les témoignages qu’il contient on bien plus de résonance que je ne l’aurais cru. Ravie de pouvoir te lire sur cet ouvrage 🙂
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Ton billet m’avait séduite et je n’ai pas été déçue de t’avoir suivie. Les sujets abordés sont sufisamment variés pour que chacun s’y retrouve. Ce n’est pas pesant en effet, Fortu manie fort bien cet art de la suggestion.
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J’ai un peu peur de l’effet plombant non ?
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Cela aurait pu, parce que les thèmes abordés sont parfois graves, mais Fortu parvient à les évoquer sans trop de pathos et avec une étrange légèreté.
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J’ai beaucoup de mal avec le dessin. Je reste perplexe.
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C’est un genre bien à lui, en effet.
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J’aime ce genre d’ambiance, je tenterais bien…!
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Laisse-toi tenter … alors!
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Je crois que ça me plairait, je me rappelle d’ailleurs très bien du billet de Mo.
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Mo m’avait bien tentée, je n’ai pas du tout été déçue.
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J’hésite, le dessin ne me tente pas.
Mais merci pour l’écoute de Cesaria
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Je reconnais que le dessin est assez particulier.
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