Le dessinateur Hermann s’associe dans cet album à son fils, Yves H pour s’intéresser à la situation des noirs dans l’Amérique des années 50.
Old Pa Anderson vit quelque part dans le Mississipi, un état encore hanté par l’esprit sudiste qui conserve la sale habitude de régler ses affaires à sa façon. Les blancs y digèrent mal l’affranchissement des esclaves voté depuis 1865, et nombre de ces noirs n’ont guère eu l’idée ni les moyens d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verbe et l’air plus respirable. « Les lois Jim Crow » réorganisent alors la société en deux groupes raciaux selon leur libre interprétation de la doctrine du « separate but equal ». Dans ce système ségrégationniste, le simple fait d’avoir la peau noire constitue encore un danger.
L’album, peu bavard, s’ouvre ainsi sur une atmosphère, celle du « colored café », comme si le dessin se suffisait à lui-même. Old Pa vient boire son coup et prendre un peu de plaisir auprès d’une femme moyennant une petite poignée de dollars, il s’arrangera après avec le Seigneur. Depuis huit longues années, et la disparition de sa petite Lizzie, il porte son mal en bandoulière, tandis qu’Old Ma, son épouse, se meurt de chagrin à petit feu. Ne pas savoir ce qu’il est advenu d’elle, est sans doute le plus insupportable. Mais subitement quelques langues se délient, non sans angoisse, dans cette bourgade où l’on déteste autant les noirs que les communistes qui leur bourrent le crâne. Animé d’un violent désir de vengeance, Old Pa, qui n’a plus rien à perdre se lance alors dans une chasse à l’homme mortifère.
Le sujet est grave, son traitement sobre et sans concession à la fois. Le scénario se lit comme un thriller d’une grande humanité, même si l’on en pressent la fin. L’économie des bulles et le resserrement de l’intrigue dans le temps assurent une intensité dramatique certaine…Tout cela tient aussi de la tragédie.
Le dessin d’Hermann et tout particulièrement ses nombreux gros plans sur les visages participent du même effet. Les variations de couleurs, le passage des bleus et ocres aux teintes sombrent s’accordent bien au sujet et au rythme du récit. Le jeu sur les plans et les tailles des vignettes achève de captiver le lecteur.
Je ne connaissais aucun de ces auteurs mais je vais assurément fouiller leurs productions après un tel coup de cœur.
Lecture effectuée dans le cadre de hébergée cette semaine chez Stéphie du blog Mille et une frasques
Un album dont je suis passé complètement à coté. LE dessin d’herman me laisse de plus en plus froid. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça.
Dommage sans doute.
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Oui c’est curieux en effet jacques, parce que le dessin est travaillé, et esthétique quand même.
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Je connais peu le travail d’Hermann qui ne m’attire pas plus que cela. En revanche, les planches choisies sont très belles.
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J’ai vraiment beaucoup apprécié le dessin moi… même s’il a un côté assez classique.
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J’aime beaucoup le dessin d’Hermann, cet album-ci me donne très envie, merci de me l’avoir fait découvrir.
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Il devrait te plaire.
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Je te fais confiance ^^
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Je connais encore peu Hermann mais j’apprécie son trait… Un album à découvrir donc !
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C’était ma première rencontre avec lui et ma foi, je ne suis pas déçue.
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Je suis fan un grand fan d’Hermann, même s’il n’a pas toujours fait des albums extraordinaires, loin de là. Mais celui-ci est une vraie réussite, je suis bien d’accord.
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J’ai hâte d’en découvrir un autre…
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