D’ordinaire je n’apprécie pas l’œuvre de Giono, mais la reprise de ce titre à destination du jeune public m’a fait de l’œil: les illustrations de Joëlle Jolivet et les deux scènes en pop-up ont sans nul doute ravivé mon âme d’enfant.
Ce récit, focalisé sur la rencontre d’un être exceptionnel, peut se lire à la fois comme une fable philosophique et comme un plaidoyer pour l’écologie. C’est aussi une réflexion sur l’humaine nature.
La question initiale est de savoir comment reconnaître chez un être un caractère inoubliable? Pour Giono, cela demande d’abord une longue observation, étalée sur de longues années. Cela nécessite aussi chez l’observé des agissements gratuits, dépouillés de tout égoïsme.
C’est dans les Alpes provençales, entre Sisteron et Mirabeau, qu’il fut donné au narrateur de rencontrer un tel individu. Les hasards d’une longue promenade dans ces déserts où ne poussent que des lavandes sauvages le conduisent jusqu’à Elzéard Bouffier. Alors qu’il découvre un village désolé, vide de toute existence, sa soif se fait tenace. Hélas, la fontaine est sèche. Le berger planteur d’arbres, peu bavard mais généreux, le sauve du désespoir. Cet homme contraste avec l’âpreté de la région rongée par les difficultés et les égoïsmes.
« La société de cet homme donnait la paix. »
Cette rencontre perturbe cependant le jeune homme dans ses certitudes, alors que son jeune âge, précisément, le force à imaginer l’avenir en fonction de lui-même et d’une certaine recherche du bonheur. »
« on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d’autres domaines que la destruction. »
Les scènes en pop-up, placées aux seuils de l’œuvre donnent leur pleine mesure aux actes d’Elzéard et le récit se fait alors plus facilement leçon de vie. Vos enfants comprendront qu’il ne faut pas se laisser au défaitisme et que l’action d’un seul peut quelquefois influer sur le sort du nombre.