De la littérature noire venue de Finlande !
Le genre est décidément à la mode dans les pays nordiques qui excellent dans la création d’atmosphères glauques et étouffantes. Antti Tuomainen n’échappe pas à la règle et nous offre une intrigue qui vaut plus par son ambiance que par la résolution de l’enquête.
Le récrit s’ouvre sur une vision apocalyptique. Trois jours avant Noel, règne le chaos. Des pluies diluviennes perturbent le quotidien d’Helsinki, mais ce n’est rien si l’on considère l’état du reste du monde, partout des guerres, dont pas de moins de 13 en Europe, des cataclysmes et presque 800 millions de réfugiés climatiques, les offensives de la peste et autres pandémies…La ville n’est plus qu’un monde blasé qui ne s’intéresse plus à rien sinon au sexe ou aux scandales liés aux affaires de mœurs. Certains se sont réfugiés dans des villes privées hautement sécurisées tandis que la masse tente de survivre.
Tapani Lehtinen, poète de son état, contemple ce déluge climatique et humain tandis que son épouse Johanna, qui œuvre dans le dernier journal du pays, tente de croire encore un monde meilleur au prix de sa vie peut-être. Tapani est en effet sans nouvelle de son épouse, disparue alors qu’elle enquêtait sur le Guérisseur, sorte de vengeur du peuple qui compte déjà neuf victimes à son actif.
En ces temps où plus personne ne s’émeut de rien et surtout pas de l’autre, Tapani n’a pas d’autre choix que de partir à sa recherche seul après avoir compulsé ses notes et documents.
Si la fin m’a laissé un goût d’inachevé, la description de cette ambiance de fin du monde est parfaitement réussie. L’auteur exploite la carte du dérèglement climatique et de ses dommages collatéraux avec un certain brio. Cela le conduit à interroger l’humain et sa capacité à rester lui-même face à l’adversité.
« Là où je ne voyais que la débâcle, Hamid voyait de l’espoir. »
Le personnage de Tapani, ce poète qui n’écrit plus pour être lu mais parce que l’écriture lui apporte » au quotidien une ligne à suivre », parce que les mots, les phrases et les vers maintiennent dans sa vie l’ordre qui a disparu du monde, est bien construit et attachant. Les autres sont moins travaillés, moins achevés, tout comme l’intrigue qui nous offre un dénouement précipité.