Avec ce titre Maud Mayeras, que je découvre, signe un thriller psychologique comme je les aime.
Photographe pour l’identité judiciaire, Iris Baudry gère comme elle peut une solitude étrangement pesante, un bégaiement symptomatique, stigmate d’une enfance difficile, des silences lourds et des souvenirs perturbants.
« Je n’aime pas le silence, il appelle les mauvaises pensées. »
Son champ d’action est généralement « une surface de quelques mètres carrés d’horreur, de silence et de solitude », ses sujets, « des yeux fermés, des cheveux, des ongles, des traces de sang, de la terre sous des semelles »
Si elle nourrit une relation particulière avec son Reflex, son seul véritable compagnon, ce n’est pas par pure vocation. Ce sont les aléas, ou plus exactement les accidents de la vie qui l’ont conduite à cette orientation professionnelle.
Alors que le roman s’ouvre, elle enfourche sa moto pour se rendre dans le » trou du cul du monde », sa ville natale. C’est en pleine gare qu’elle rejoint le lieutenant Ian Reisse, son mentor, sorte de titan roux, et la scène de crime. Les clichés suivent le protocole habituel, l’environnement d’abord, puis le support, les chaussures, la jambe…et découvrent le cadavre d’un enfant. C’est la seule façon de n’oublier aucun détail.
« Lorsque je la vois autrement qu’à travers mon écran numérique, la scène me parait toujours plus grande; elle recouvre en un instant ses proportions initiales et devient brutalement plus réelle. »
Mais retrouver ce lieu fui jadis c’est se confronter à ses fantômes et à l’âpreté de ses souvenirs…
Ce qui frappe dans ce roman, c’est d’abord sa construction vertigineuse, l’alternance du présent et des remembrances, le tissage des chapitres autour du mot SILENCE, le croisement permis par un montage en parallèle des existences d’Iris , de Julie, de William. Le lecteur traverse les décennies, de confronte à l’horreur, crois comprendre vers quoi on tend. Il se fait son chemin dans cette poétique de la violence sous toutes ses formes, il tire les fils, mais l’auteure reste le maître.
Si la fin aurait pu être affinée, un peu plus travaillée, le récit, dérangeant à souhait, pose la question de l’humain, de la culpabilité et de la responsabilité. Où commence la monstruosité? Pourquoi? Jusqu’où peut-on la condamner? La comprendre?
Voilà un billet qui m’intrigue et me donne envie de découvrir ce roman.
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c’est vertigineux!
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