Avec mes photographes en herbe nous avons longuement arpenté la capitale Canon ou Sony au poing, mais nous avons aussi écumé quelques expositions photos.
Après un long moment à la Maison Européenne de la Photographie, histoire de découvrir Alice Springs et son art du portrait puis les couleurs de Lartigue, nous nous sommes rendues au Jeu de Paume histoire de partager les univers de Germaine Krull et Valérie Jouve.
Commençons par cette dernière qui n’a pas fait l’unanimité parmi nous. Sa démarche interroge la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine. Chacun de ses ensembles ou corpus vise à explorer les manières d’occuper ou de s’approprier l’espace. La particularité de Valérie Jouve est de ne jamais localiser précisément ses clichés, peut-être pour leur conférer une dimension universelle. Elle se contente de les nommer par des termes génériques comme « Les personnages » ou encore « Les façades », « La rue », « Les situations »… Les clichés initiaux sont souvent mis en scène ou chorégraphiés. Par la suite, elle s’est tournée vers le film, a pris davantage de distance avec le sujet photographié et elle a joué des échos et des contrastes entre l’espace et l’humain de façon à convoquer, voire provoquer, l’imaginaire du spectateur. Elle recourt quelquefois au montage de plusieurs prises de vue pour donner une image représentative d’un moment vécu. J’aime assez l’intensité qui en résulte.
L’exposition s’achève sur une installation assez originale, « Blues », construite autour de la figure de Tania Carl, chanteuse de blues alors en voyage au Guatemala. Valérie Jouve l’a longuement filmée. Les images sont alors projetées en plusieurs fois, comme en quinconces sur un fond sonore parfois surprenant.
L’exposition « Un destin de photographe », consacrée à Germaine Krull met en lumière une artiste novatrice pour son époque et affranchie des règles. Cette photographe d’origine allemande (1897-1985) est considérée comme la pionnière du reportage photographique moderne. Elle s’est aussi distinguée par la publication d’ouvrages photo, avant qu’on ne parle véritablement d’art. Complète, l’exposition regroupe nombre de clichés mais aussi des documents d’époque, des extraits de revue et de films.

C’est effectivement une sacrée femme qui a participé aux révolutions spartakiste et bolchévique après une enfance difficile. Affranchie de certains carcans moraux, cette femme aux mœurs très libres est l’auteur de nus assez ambigus en son temps puisqu’elle osa montré l’homosexualité féminine.
Installée à Paris dès 1923, elle se fait connaître par « ses fers », des clichés en noir et blanc d’éléments architecturaux métalliques, de grues et autres pans d’usine. Elle se distingue dès lors par des angles de vue inhabituels. Cela lui vaut d’être recruté pour le magazine VU pour effectuer des reportages sur la vie parisienne, le monde underground, les clochards. Elle s’intéressera aussi longuement à la ville de Marseille, à son port notamment, à la voiture, aux routes et aux mains. Femme de défis elle endossera le rôle de reporter de guerre. On la connait aussi photographe de mode, notamment dans les ateliers de Sonia Delaunay.




Tirage glatino-argentique
15,9 x 22 cm
Museum Folkwang, Essen
© Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen
Adepte des plongées et contre-plongées, elle nous embarque dans des visions inédites où l’art conjugue avec une fine compréhension de l’humanité. Son objectif capture admirablement les êtres et les choses à travers le monde entier, du Brésil à l’Asie, et les effets qu’elle maîtrise les transfigure, ou plus exactement les sublime.
Nous avons puisé pas mal d’idées et tenté un certain nombre d’expériences depuis…