Plusieurs mois durant le Grand Palais a rendu hommage à « l’enfant terrible de la mode », le grand Jean-Paul Gaulthier. Audace, provocation, inventivité débridée, virtuosité étaient au rendez-vous. Dans chaque salle, de la magie, du rêve, grâce au talent du maître mais aussi d’une scénographie exemplaire réalisée par l’Agence Projectiles. Conçue conjointement par le Musée des Beaux Arts de Montréal, le Grand Palais et la Maison Gaulthier, cette expo multimédia proposait également au regard ébloui du spectateur des croquis, des archives, des photos, des extraits de films (défilés, concerts, clips, émissions TV), mais aussi des mannequins animés (réalisés par la compagnie théâtrale avant-gardiste canadienne UBU dirigée par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin). L’un d’entre eux figurait le couturier en personne, revêtu de sa célèbre marinière et lui donnait la parole à l’aide d’un enregistrement particulièrement intéressant.
L’autre must de cette expo résidait dans le podium, qui permettait à chacun de s’imaginait à la Fashion Week et de jouer les photographes de mode.
Il faut également rendre hommage à la collaboration d’Odile Gilbert, d’Atelier 68 et à ses perruques ou autres coiffures totalement hallucinantes. Sur une narration de Catherine Deneuve, un certain nombre de mannequins défilaient comme sur le tapis de livraison des bagages à l’aéroport.
La plupart des pièces ainsi offertes au public et créées entre 1971 et 2013 n’avaient jamais été exposées. Le parcours s’organisait sur un mode thématique et s’évertuait à souligner combien la créativité et la virtuosité technique de Gaulthier se jouait des codes sociologiques et esthétiques établis. Que l’on songe notamment à ses madones !!!!
Il s’agissait de rappeler l’incroyable parcours de cet autodidacte impertinent qui puisait son inspiration dans les émissions de variétés qu’il contemplait depuis le salon de beauté de sa grand-mère ou dans le cinéma et les magazines. Il était ainsi possible de découvrir nombre de costumes réalisées pour Besson, Almodovar, Jeunet ou encore Greenaway sans parler des costumes de scène d’Yvette Horner, Mylène farmer, Madonna…
La partie intitulée « L’Odyssée » évoquait son goût pour les mythes fondateurs et les sirènes ou autres marins entre virilité et fragilité.
« Punk Cancan » soulignait son amour pour un Paris suranné et universel à la fois, mais aussi pour Londres, haut lieu du non-conformisme.
Androgynie, culte de la différence, rejet des conventions caractérisaient l’espace « Muses ».
Dans « Le Salon », on pouvait se régaler avec les fameux corsets, tous plus sublimes les uns que les autres, ainsi que le soutien-gorge à seins coniques, l’ensemble symbolisant la féminité et le pouvoir des femmes.
« A Fleur de peau » témoignait de son travail sur la nudité et l’érotisme mais aussi de sa fascination pour le tatouage.
J’adore la façon dont il s’émancipe des poncifs, transgresse les corsets esthétiques et moraux, mais j’aime aussi son art de transcender les cultures, de les faire dialoguer, notamment dans ses bijoux. Il mêle aussi incroyablement les matières et matériaux, à l’image de cette robe « sac poubelle » et de ses accessoires inouïs.