L’idée de départ ce dimanche était surtout de visiter l’expo de Beaubourg consacrée à Le Corbusier. Si ce dernier m’a sensiblement laissée froide, j’ai eu en revanche un énorme coup de cœur pour Mona Hatoum que je découvrais.
Présentons d’abord cette artiste incroyable.
Née en 1952 à Beyrouth, de parents palestiniens, elle effectue un voyage à Londres en 1975, sans savoir encore que son billet sera sans retour. Son pays ferme ses frontières en raison de la guerre et elle se retrouve contrainte de s’installer en Grande Bretagne où elle entreprend des études d’art. Elle obtient la nationalité anglaise mais elle passe aussi pas mal de temps à Berlin.
C’est une artiste complète puisqu’elle multiplie les supports, les techniques et les domaines: photographie, performances diverses retransmises sur support vidéo, sculpture, installations. Le Centre Pompidou vous propose de découvrir plus d’une centaine de ses œuvres dans une exposition particulièrement stimulante pour l’esprit et jubilatoire. Du détournement d’objets aux installations les plus surprenantes, elle fait preuve d’un constant sens de la provocation et d’un humour incontestable qui peut flirter avec le cynisme. L’idée demeure de bousculer les idées reçues.
Il faut saluer la scénographie de Laurence Fontaine, qui ménage un espace à la mesure de l’artiste et met véritablement en valeur chaque pièce quelle que soit sa taille.
Dans les années 80, Mona Hatoum mit d’abord en scène le corps, et plus particulièrement le corps féminin, en résistance face aux enfermements les plus durs.
En 1994, encore, elle suscita l’émoi du public avec son installation vidéo, « Corps étranger ». Il s’agissait de mettre son intériorité physique, corps à nu par le biais d’une caméra endoscopique comme s’il s’agissait d’une géographie intérieure.
La géographie est du reste un domaine qui l’inspire comme vous pouvez le constater à travers les photos des œuvres suivantes:
Present Tense (1996-2011): qui se compose de plus de 2000 pains de savon à l’huile d’olive, fabriqués à Naplouse en Cisjordanie. Le dessin représenté à leur surface et créé à l’aide de perles de rocaille en verre rouge enfoncées dans ces pains. Elle trace ainsi les lignes des territoires censés être restitués aux Palestiniens après les accords d’Oslo de 1993.
Hot Spot (2014) : une cage d’acier sphérique inclinée selon le même angle que la Terre agrémentée de tubes de néons représentant les continents. L’enjeu est de signifier les zones de conflit du globe…
Map clear (2014): carte du monde magnifiquement réalisé avec des billes de verre de 20 mm de diamètre. Ces dernières ne sont pas fixées au sol afin de suggérer la fragilité du monde. Le résultat est sublime!!!!
Ses performances avaient souvent pour objectif de dénoncer l’asservissement des corps, leur soumission à un contrôle politique ou social, parfois les deux.
Mona Hatoum accorde également une place certaine aux meubles ou aux objets du quotidien qu’elle détourne pour suggérer un univers angoissant, hostile, un enfermement de l’individu dans ce monde là.

D’autres coups de coeur!
Son travail sur les cheveux
Ici papier hygiénique brodé de cheveux
Installation avec billes de cheveux
Oeuvre intitulée Undercurrent
Installation intitulée « + and »: oeuvre cinétique qui ressemble à une vaste horloge sur un bac à sable. Le bras rotatif crée et efface en un même geste des lignes de sable.
Mona Hatoum a aussi l’art de jouer avec les ombres….
Une telle inventivité est un régal, tant pour les yeux que pour l’esprit.
A reblogué ceci sur Espace Lettres.
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