Albums, Jeunesse

« Travailler moins pour lire plus », Alain Serres et PEF, Edit° Rue du Monde, 2010


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Bien entendu, il ne s’agit pas d’un nouveau slogan de notre ancien président, mais d’un titre jeunesse de Rue du Monde, cette maison d’édition aux couleurs généralement si chatoyantes.

L’histoire se déroule sur l’ile Turbin dominée par les monts Machin, Miam-Miam, Pin-Pon, Royal et Boukiné. Dans ce qui tient de la dystopie, chacun de ces lieux est dévolu à une fonction précise. Le premier concentre les industries et l’on y fabrique les objets les plus curieux de la broucyclette aux pinces à mollets. Miam-Miam est en quelque sorte le grenier à pois du pays, tandis que Pin-Pon est une véritable fabrique de bonne santé. Boukiné, vénéré par les conteurs, comporte en son sein une source formidable qui déverse à flots continus toutes sortes de lettres, majuscules ou minuscules que des femmes et des hommes de lettres récoltent plus bas dans la vallée. Les livreurs et les écriveurs se chargent alors d’en faire bon usage. Tous sourient lorsqu’elles « forment de bons mots qui nourrissent de belles phrases qui nourrissent de grandes émotions ». Les meilleurs d’entre eux, parfois, lorsque le vent les inspire, deviennent écrivains pour le plus grand plaisir du roi Dontontairalenom. Les livres sont en effet une jolie manne financière puisqu’il les exporte, privant ainsi son peuple du plaisir de lire. Les habitants ont donc tout le loisir de travailler.
Ce que ce petit roi tyrannique oublie, c’est que les lettres peuvent aussi servir à dénoncer les abus et à dire la révolte. La population n’a plus qu’une revendication en tête: travailler moins pour lire plus! Les pancartes et autres banderoles fleurissent. Mais encore faudrait-il que le roi puisse les déchiffrer….
Si le dessin, ou plus exactement sa mise en couleur, ne m’a pas conquise cette fois, j’ai aimé l’intrigue qui prend des allures d’apologue. Le texte est inventif à l’image de ces suppositoires aux orties « qui permettent à tous les habitants de courir comme des lapins quand ils se rendent au travail », et qu’avouons le, nous n’avons guère envie de tester. Il est également empreint d’une agréable poésie qui rend hommage aux mots et aux livres, source d’épanouissement et de liberté. Il aborde enfin la question de la tyrannie trop souvent fondée sur l’ignorance.

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