Cet album nous plonge dans les splendeurs de l’Inde ancienne. Naboka, le fils du grand sultan, est un jeune garçon tyrannique, capricieux et avide de puissance qui ne supporte pas la moindre contradiction. Sa prétention est telle qu’il aspire même à surpasser son père. Soucieux de son pouvoir il réclame qu’on chasse les nuages qui génèrent une pluie fine alors qu’il envisage de jouer dehors ou qu’on élimine les oiseaux du ciel pour éviter les fientes. Le ministre a beau tenter de le raisonner, rien n’y fait. Il se voit contraint de déployer une grande inventivité pour le satisfaire aux dépens de l’équilibre du pays. Avec ce petit tyran, la fin justifie les moyens. Naboka se félicite alors d’être le grand nettoyeur du ciel ou le plus grand chasseur. Mais les nuées sont bien tristes désormais, il voudrait y contempler un grand, un immense, un somptueux arc en ciel. Comment le ministre, déjà épuisé, s’en tirera-t-il cette fois?
Surpris par cet incroyable désir de puissance de son rejeton, le grand sultan décide de le mettre à l’épreuve en lui offrant le royaume réduit à l’état d’étrange domaine, de désert dévasté. A charge pour lui de tout reconstruire. A charge pour lui de charrier les pierres, de remuer la terre, de semer et non plus de distribuer les ordres. Voilà de quoi modérer la joie du prince.
« Tu voulais devenir chef, tu seras de toutes les batailles, partout dans le royaume. Partout! » « Celui a détruit peut réparer. » « C’est une épreuve à la mesure de ta puissance! ».
Ce conte philosophique, signé d’Hubert Ben Kemoun, aborde les questions de l’humilité et de la responsabilité. Le récit est plaisant et empreint d’une grande sagesse tandis que les dessins de David Sala sont sublimes.