« Matin brun » de Franck Pavloff, illustré par C215, Albin Michel 2014
Ou comment expliquer le totalitarisme à nos enfants.
Charlie a du faire piquer son chien: il n’était pas tout jeune, mais surtout, il n’était pas brun! Son ami, compagnon de belote le dimanche, a dû se débarrasser de son chat pour les mêmes raisons. Selon les scientifiques de l’Etat national, « Tous les tests de sélection prouvent que les bruns s’adaptent mieux à la vie citadine ». Les milices de la ville distribuent donc sans compter des boulettes d’arsenic. Au diable la sensiblerie!
Rapidement, de nombreux quotidiens disparaissent des kiosques et certains livres sont interdits de séjour dans les bibliothèques. La population est condamnée à lire les Nouvelles Brunes ou à écouter Radio-Brune. Les conversations deviennent plus feutrées et les phrases ont une fâcheuse tendance à se terminer par le mot BRUN. « Le langage, c’est fait pour évoluer. »
Cette nouvelle écrite pour le salon antifasciste de Gardanne en 1997 et éditée pour la première fois en 1998, évoque donc le racisme, la banalisation de l’intolérance et le totalitarisme. Cette fable moderne pose la question de la démission de chacun qui favorise la montée des fascismes.
« J’aurais dû me méfier des Bruns dès qu’ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. »
Cette édition est brillamment illustrée par C215, soit Christian Guémy, un artiste urbain qui s’empare des murs à travers la planète. Ses sujets de prédilection sont l’enfance, les laissés pour compte, mais aussi les chats, les anonymes et les amoureux. Son graphisme et superbe, sensible. J’aime beaucoup son approche des regards qui viennent chercher le lecteur-spectateur au plus profond de lui-même.
J’étudie souvent cette nouvelle en 3ème, je vais acheter cet album, merci!
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Je vais investir aussi. Je l’avais emprunté au CDI mais je le trouve si beau que j’ai envie de l’avoir dans ma bibliothèque.
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