Rétrospective Niki de Saint Phalle au Grand Palais
Une exposition jubilatoire et passionnante!
Le choix de Camille Morineau, le commissaire de l’exposition s’est porté sur l’œuvre de Niki de Saint Phalle avec pour objectif de porter un regard neuf sur son travail et de souligner son importance dans l’histoire de l’art moderne, et plus encore son engagement contre les guerres, le sida, la politique de Bush, certains conservatismes.
« Elle est l’une des premières à faire de la femme un sujet, qu’elle traite dans sa complexité. »
L’exposition, qui commence en extérieur, s’organise en différents espaces, chacun étant consacré à une expérience artistique majeure. Les œuvres sont mises en valeur par un éclairage irréprochable et par une scénographie particulièrement dynamique. L’espace est suffisant pour que l’on puisse les circonscrire sous toutes leurs facettes sans se bousculer. Photos, films, sculptures, tableaux permettent de retracer ce parcours artistique fondamentalement cathartique.
– les tableaux-assemblages: ce sont des compositions en 3D qui mêlent couleurs, tissus et objets de récupération disparates, notamment de nombreuses poupées en plastique plus ou moins démantibulées. Ces incrustations restent une marque de fabrique qui traverse l’œuvre de Nikki de Saint Phalle.
Les Tirs: performances particulièrement originales, qui l’ont propulsée sur le devant de la scène à partir de 1961, se caractérisent par leur violence à l’encontre du politique, de la religion ou de la condition féminine (ou plutôt son absence de condition). Niki sut pour l’occasion tirer parti des nouveaux médias comme la télévision. Artiste dans l’âme, elle avait aussi le don de la mise en scène et de la médiatisation de ses productions comme de son image, de son être. Il faut dire que son incroyable beauté crevait bien les écrans. Armée d’un 22 long rifle, il s’agit de faire saigner l’œuvre. Des poches de peinture sont fixées derrière la toile recouverte d’un plâtre qui dissimule parfois des objets religieux ou familiaux. Elle rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes à cette période.
– La thématique des « rôles féminins »/ Les Nanas: féminité, corps féminin, condition féminine, naissance, enfantement, mariage sont au cœur de son œuvre. Les femmes sont omniprésentes, notamment dans ses « Nanas », et ne sont pas toujours aussi joyeuses que leurs couleurs vives pourraient le laisser penser. Avec les Nanas noires, elle conjugue même le Nana power au black power.
« Je pense que le temps est venu d’une nouvelle société matriarcale ».
Il s’agit pour l’artiste de dénoncer la condition de la femme: elle n’hésite pas à fustiger le mariage conçu comme une obligation morale ni à briser le tabou de l’avortement.
« Après les tirs la colère était partie, mais restait la souffrance; puis la souffrance est partie et je me suis retrouvée dans l’atelier à faire des créatures joyeuses à la gloire de la femme. »
– les sérigraphies et autres œuvres graphiques: « sorte d’atelier de formes et de couleurs ». L’exposition offre à notre regard nombre d’estampes, d’affiches, de lithos et de lettres-dessins qui se distinguent par leurs couleurs explosives. Les California Diaries ont ainsi marqué la fin de sa carrière.
– l’art public: ce sont des sculptures publiques qui lui coutèrent bien des efforts, du temps et de l’argent. Ces dernières sont présentées sous forme de films documentaires qui sont autant d’invitations au voyage. On peut citer à ce titre « Le jardin des tarots », sis en Toscane, ses « corps habitacles », gigantesques statues.
« Je Jardin des Tarots est l’œuvre de ma vie. C’est en 1955 quand j’ai découvert Gaudi avec Harry Mathews mon premier mari que j’ai su que je construirais moi aussi un jardin de joie et de bonheur pour les autres […]. 25 années plus tard, j’ai débuté ma grande Aventure… »
– Nikki et le septième art: « Daddy ».
Après avoir conçu des costumes de théâtre et écrit une pièce, Nikki, cinéphile, s’est tournée vers le cinéma et a réalisé deux longs métrages. « Daddy », entrepris avec son amant d’alors, Peter Whitehead, relate ses relations difficiles avec son père. Elle y incarne d’ailleurs son propre rôle. Elle y exprime toute sa rage dans des scènes hallucinantes, outrées, mais aussi cruelles.
« A travers les images, je piétine mon père, je l’humilie de toutes mes forces et je le tue. »
C’est seule qu’elle entreprendra ensuite la réalisation de « Camélia et le Dragon ou un rêve plus long que la nuit ».
J’ai particulièrement apprécié cette vanité moderne:
Mais qui était Nikki?
« J’ai décidé très tôt d’être une héroïne. »
Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle de son vrai nom, elle a vu le jour à Neuilly en 1930 dans une famille à la vieille noblesse. Elle passe ensuite une enfance sombre à New York entre des parents ruinés, désunis et violents. Son père abuse d’elle alors qu’elle n’a que 11 ans.
Superbe, elle entame une carrière de mannequin et fait la couverture des plus grands magazines. Mariée à l’écrivain américain Harry Mathews, et mère de famille, elle connait des périodes de fragilité intense qui lui valent d’être internée dans un hôpital psychiatrique. L’art s’offre alors à elle comme une thérapie.
« J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur un plan psychique, tout ce qu’il fallait pour devenir un terroriste. »
Elle partagera ensuite l’existence de l’artiste suisse, Jean Tinguely jusqu’en 1991 (on les surnommait les Bonnie and Clyde de l’art), puis achève sa vie en Floride.
Si l’on devait résumer son existence rocambolesque à quelques mots ce serait « le refus de la résignation ». Elle ne renonce jamais, que ce soit face à son père incestueux ou face à un monde jusque là réservé aux hommes. Elle incarne en effet un certain féminisme lipstick (féminisme qui ne cherche pas à évincer les atouts de la féminité).
Et pour en apercevoir un peu plus…
Petite faiblesse pour – les tableaux-assemblages
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En effet…
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j’ai beaucoup aimé
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autant je suis touchée par ce qu’elle a vécu …autant par sa résilience formidable !! autant je n’aime pas ce qu’elle fait ..trop d’extremes ..et ces têtes de mort brouhh ….
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C’est en effet assez particulier et sombre parfois. J’aime beaucoup les tirs et les Nanas.
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Tu as lu la BD à son sujet ?
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ah mais non Moka…. Quel est le titre! Tu me fais trop envie là.
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