Entre la lecture de Modiano, son travail sur la mémoire, et la correction d’anthologies poétiques, j’ai profité de ce dimanche curepipien vaguement maussade pour satisfaire au rite de Leil, du blog Bricabook Le principe de son atelier est simple: une photo / Un texte.
Il s’agit cette semaine de composer à partir d’une photo de KOT, qui m’a plongée, d’une certaine façon, dans une quête « modianesque »… Etrange coïncidence…
« Sur un air de … »
Un strapontin miraculeux
Pour un jean aux abois.
Le siège côté vitre,
Fuir les couloirs désormais.
Finis les canoés,
On n’avance à rien…
« Tailler la zone »…
Refuser de s’asseoir simplement sur « le trottoir d’à côté »…
Ne plus traîner sur le quai!
Le train frémit dans son élan,
Cahots prometteurs,
Branle vertigineux d’un coeur amoureux,
Echapper au Chaos de cet ici….
Oublier la mère qui pleure,
Le père qui hurle,
Les mots qui crient,
Qui suintent la bêtise et l’impuissance,
Oublier les petites soeurs qui tremblent,
Les rires méchants,
Les chahuts,
Les profs qui aboient….
Occulter le brouhaha,
Recouvrir le tumulte
D’une existence bruyante
Et pourtant si vaine….
« Rame, rame, rameurs, ramez »
Ailleurs, bien loin d’ici ,c’est sûr!
Oublier les blessures du jour
Et les terreurs nocturnes,
Les sanglots longs
De ces jours sans fin,
Le no man’s land de ses espoirs,
Le refus de grandir
Dans ce monde tonitruant,
Qui tourne en rond,
Comme embarqué dans une valse mauvaise,
Pas gaie.
« Rame, rame, rameurs , ramez »
« Pagaie » jusqu’à l’autre rive…
Les yeux clos,
Réfugiée dans un monde isotherme.
Finis les regards assassins,
Les mots qui tuent,
Les coups,
Ceux qu’on lui inflige,
Ceux qu’elle se donne.
Ne plus entendre les cris,
Les abandons, les déchirures,
Le tumulte du quartier,
Les murs qui se cognent,
Les vies qui s’y fracassent.
« Rame, rame, rameurs, ramez «
Comme un oubli,
Une absence au monde.
Réparées les cicatrices du jean épuisé,
Embarqué ce grand corps malade
Pour une autre odyssée,
Bercée par les airs voyageurs
D’une petite musique enchanteresse.
Elle n’a plus de visage,
Elle se dérobe au reste,
Ses minutes sont ailleurs,
Et l’Ailleurs est pour bientôt.
Dans l’instant, elle ne parle plus
Que la langue des sons,
Des solos de Frampton.
Elle n’a pas les mots…
« Rame, rame, rameurs, ramez »
Rapprocher les rives,
Accorder les coeurs,
Rejoindre celui qui l’espère
Sur le prochain quai,
Celui qu’elle envisage déjà
A travers la vitre opaque
Parce qu’ils croient encore…
Aux voyages en train.
J’adore ! Surtout le rythme (c’est un truc qui me parle, le rythme) que tu accentues à merveille avec ta phrase refrain 😉
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bonjour !!
une participation qui en jette !!
trop bien , tu as été bien inspirée- je ne sais pas ton âge mais tu connais bien ce monde et ses affres-
j’ai beaucoup aimé ! bravo !
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J’ai 50 ans mais aussi 3 filles et je bosse avec des ado toute la journée…Merci beaucoup!
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je me suis laissée porter par les mots et le rythme du métro… superbe texte !
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Quel talent ! Très réussi, bravo !
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Merci Coquillette!
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ah oui, il y a des ressemblances avec le mien, en effet 🙂
mais du tien tu as fait une sorte de mélopée qui s’accorde bien avec le rythme du train et des pensées
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Merci ! J’aime bien le côté mélopée…
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J’aime beaucoup l’idée de « rapprocher les rives » et pourtant, cela semble peu dans l’air du temps…
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Merci Paikanne.. cela me semble encore possible, au moins le temps d’un amour, même fugitif…
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Joli rythme en effet, et bercé de couleurs littéraires aussi … j’aime, je suis fan de ton écriture, tu le sais bien. 🙂
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Il ne reste plus qu’à mettre tout cela en musique!
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Waouh, Sabine, tu as fait fort!
J’adore, c’est un très beau texte. Et j’adore le refrain… qui va me rester dans la tête longtemps et tant mieux.
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J’ai quand même emprunté le refrain à Souchon…une chanson que j’ai tellement écoutée !!!!!
Merci Sarah!
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Du rythme et c’st bien joué… Tu m’as renvoyé à une autre chanson « un ble jena déchiré… Kiss me as you love me…
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Quel travail sur le rythme !
Les ados qui refusent de grandir, avec le monde qu’on leur propose, ce n’est guère étonnant…
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Bravo pour ce texte qui nous entraîne dans un rythme très agréable 🙂
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