BD

« Le Horla », Guillaume Sorel, Rue de Sèvre, 2014


« Le Horla », Guillaume Sorel, Edit° Rue de Sèvres, 2014Horla1

Un vrai coup de cœur !!!

Avec cet album, Guillaume Sorel nous propose une adaptation de la longue nouvelle de Maupassant. Je dois avouer que je ne suis pas fan de ce texte fantastique, mais les avis élogieux des unes et des autres sur cette BD m’ont donné envie de la découvrir. Ce fut une très belle découverte !!!!

Le récit s’ouvre sur un intérieur coquet, valorisé par un superbe dessin. Le narrateur, alors serein, notamment lorsqu’il profite de ces paysages normands lumineux qui relèvent de l’aquarelle, vit en effet dans une maison de maître, entouré de Rose, Jean et Gustave, ses domestiques. La vie semble lui sourire, mais la situation s’assombrit avec la disparition du chat. Pourquoi préfère-t-il désormais les bois à la douceur de la demeure ?

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Parallèlement, le narrateur se sent gagné par un état étrange, un malaise indéfinissable, entre fièvre et tristesse. Même Jean, son majordome, lui trouve l’air fatigué. La chaleur l’accable tandis que d’horribles cauchemars s’emparent de ses nuits et que de curieux événements s’accumulent.

Le basculement fantastique s’accompagne évidemment d’un changement de couleurs. Guillaume Sorel décline tout un camaïeu de bleu tirant vers le noir qui traduit bien l’atmosphère angoissante du texte de Maupassant. Son sens du détail lui permet aussi de suggérer la métamorphose progressive du personnage.

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Confronté à ces phénomènes, le narrateur éprouve régulièrement le besoin impérieux de se déplacer, de quitter l’ambiance de plus en plus étouffante de cette maison qui prend des allures inhospitalières. Sa demeure est-elle désormais une porte vers un autre monde ? Son inquiétude croissante le conduit d’abord au Mont Saint Michel, superbement restitué par le dessin de Sorel, puis au Bal des canotiers de Bougival. Il discute ainsi avec un moine certifiant que nous ne voyons qu’une partie infime de ce qui existe, puis avec son cousin, un médecin qui s’essaie à l’hypnose et qui s’intéresse au psychisme et à la psychanalyse balbutiante. Il ne retrouve cependant pas la paix…

Sorel joue des couleurs, de l’échelle de plans et du cadrage pour souligner combien les nuits « mangent » progressivement ses jours et comment une folie insurmontable et tragique s’empare peu à peu de lui. Il est aux prises avec un « vouloir étranger, une autre âme, parasite et dominatrice »…le Horla.

« J’attends le sommeil comme on attendrait le bourreau. »

« ce cauchemar ! Il me palpe ! Il m’étreint, m’étrangle. »

Proposer une telle adaptation relève toujours un peu de la gageure. Il s’agit de faire les bons choix, d’opter pour les bons raccourcis afin de dégager l’essence de l’œuvre. Sorel y parvient avec brio. Son scénario va à l’essentiel, éclaire une œuvre assez obscure, lui donne encore plus d’épaisseur et nous tient en haleine. Quant au graphisme, c’est un pur régal.

 

 

2 réflexions au sujet de “« Le Horla », Guillaume Sorel, Rue de Sèvre, 2014”

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