Cinéma étranger

« I wish » de Hirokazu Kore-Eda, 2012


« I wish » de Hirokazu Kore-Eda, 2012 I wish

Avec ce film Kore-Eda aborde une nouvelle fois la question de l’enfance, de ses souffrances et de ses déchirements.
Le récit, qui se déroule sur l’île de Kyushu, raconte comment deux jeunes frères séparés suite au divorce de leurs parents, organisent tout un stratagème pour parvenir à se retrouver.
Koichi, l’aîné, vit au sud, aux côtés de sa mère et de ses grands-parents. Ils sont installés à Kagoshima, au pied d’un volcan qui semble menacer la population de ses cendres à tout instant. Sa mère peine à trouver un emploi tandis et doit se contenter d’une place de caissière au supermarché. Ryunosuke, le cadet, vit au nord avec son père, un musicien de rock relativement irresponsable.
Chacun vit sa vie en un point de l’île, avec les copains, relativement heureux, mais chacun reste nostalgique de la vie d’avant et rêve de voir la famille réunie à nouveau. Leur complicité est telle qu’ils sont les mêmes goûts culinaires, qu’ils s’adonnent tous deux à la natation et qu’on finit presque par les confondre. Il s’agit d’ailleurs sans doute d’un parti-pris de Kore Eda qui organise la narration sur le mode du montage parallèle.
« On est relié par un fil invisible ».
La vie de Ryunosuke semble pourtant un peu plus fun et fantaisiste, même s’il lui faut se comporter parfois comme le père de son père. Koichi, de son côté, espère secrètement qu’une grosse éruption volcanique les contraigne à quitter la ville et à retourner vivre à Osaka.
Les deux frères passent beaucoup de temps au téléphone à comploter et à nourrir l’espoir de retrouvailles. C’est finalement l’ouverture de deux lignes de TGV. Ces deux TGV doivent de croiser et l’on raconte déjà que si on hurle ses souhaits les plus chers au moment de ce croisement ceux-ci se réaliseront. Il n’en faut pas plus pour décider les enfants.
Les voilà qui préparent cette escapade, chacun de leur côté, avec leurs copains respectifs. Il faut d’abord se débrouiller pour trouver l’argent, puis s’appuyer sur quelques complicités pour couvrir leur absence. C’est alors avec beaucoup de liesse et d’espoir qu’ils se mettent en chemin heureux de ce temps volé au monde des adultes.
J’aime beaucoup le regard que Kore-Eda porte sur l’enfance et la façon dont il les filme. Il obtient beaucoup des jeux de regards, des mimiques, des gestes simples qui finissent par signifier beaucoup. Comme dans « Nobody knows », il existe une frontière étrange entre le monde de l’enfance et celui des adultes, comme une communication brisée ou impossible. Les adultes oublient-ils systématiquement qu’ils furent enfants ? Le rythme est lent sans être pesant, tant il prend plaisir à s’attarder sur cet univers où le temps a une autre dimension, une autre signification. Il mêle le rire à la tristesse, sans sombrer dans le manichéisme, c’est surtout à l’humain qu’il s’intéresse. Son casting est irréprochable aussi. J’ai beaucoup apprécié les prestations des enfants, notamment celles de Koki Maeda (Koichi), Oshiru Maeda (Ryunosuke) et Kyara Uchida (Megumi).

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