« Violette Nozière, vilaine chérie » de Camille Benyamina et Eddy Simon, Casterman, 2014
Cet album se présente comme un biopic et s’intéresse à l’existence et au procès de Violette Nozière, l’une des plus célèbres parricides de France, celle que l’on surnomma « le monstre en jupon ».
Le récit s’ouvre symboliquement sur le début du procès de la jeune femme, à peine âgée de 19 ans, au tribunal de Paris, en octobre 1934. Les faits remontent à l’année précédente : Violette a tenté à plusieurs reprises d’empoisonner ses parents. Baptiste, son père a fini par succomber mais sa mère, Germaine, a survécu. En attendant qu’on l’appelle à la barre, Juliette se perd dans ses souvenirs plus ou moins douloureux et le récit s’organise sur le mode de l’analepse.
Fille unique de Germaine et Baptiste Nozière, un couple d’honnêtes ouvriers économes originaire de province, Violette a 18 ans. Elle a grandi dans le XIIème arrondissement, rue de Madagascar, mais elle passe son temps auprès de la jeune bourgeoisie du quartier latin. Celle qui avait tout pour être heureuse oriente son existence sur une mauvaise pente. Mythomane, en rupture de scolarité et de travail, elle aspire à se libérer et à vivre la vie qu’elle mérite. Très belle, c’est un véritable bourreau des cœurs oscillant entre amours passionnés et prostitution. Mais celle qui rêve de devenir « une vraie lady parisienne » a beau s’inventer des vies, elle est sans cesse rattrapée par sa réalité : la syphilis contractée avec Pierre, ses origines simples, son manque d’argent pour mener la grande vie avec Jean Dabin, le jeune étudiant en droit dont elle est éperdument amoureuse, la droiture et le moralisme de ses parents. Délurée, elle semble cependant prête à tout pour donner corps à ses rêves même si cela doit passer par le vol, des flacons de Soménal ou de sels de Magnésie. Paul Éluard dira d’elle :
« Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens du sang. »
Violette parviendra-t-elle à trouver la paix ? Verra-t-elle s’ouvrir le chemin de la rédemption ? Comment réagira Germaine face à cette fille indigne, dénaturée, qui a si vivement souhaité sa mort?
Cet album est vraiment un grand coup de cœur. Le scénario, bien documenté, ne sombre ni dans le didactisme ni dans le manichéisme. Le récit est dynamique et le regard qu’Eddy Simon porte sur son personnage, se distingue par son sens des nuances. S’il s’intéresse aux faits, il se penche aussi sur les motivations de Violette et les mécanismes psychiques en œuvre dans ce parricide. Le dessin de Camille Benyamina est absolument sublime. Un pur plaisir pour les yeux ! Le trait, particulièrement, fin rend hommage à la beauté de Violette, les détails nous plongent avec ravissement dans le Paris des années 30. Le jeu des couleurs restitue toute la dichotomie du personnage, sombre et passionné.
Ca a l’air très bien en effet, je note, même si je ne lis que très peu de BD.
Bon dimanche!
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Que les dessins sont beaux!!!
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