Voici ma troisième participation à l’atelier d’écriture de Leil, du blog Bricabook
Le principe est simple: un clic, une photo, un texte, une écriture en toute liberté à partir du cliché.
Voici la photo de la semaine
Et le texte:
« Quand je pense à Fernande… »
Ma vieille voisine est une « mal née ». Pensez-vous, ses parents l’ont prénommée Fernande et depuis tout le monde…….Enfin, plus maintenant, parce qu’avec le poids des années, elle a perdu de son faste et de ses charmes. Elle s’est épaissie, douloureusement enrobée, comme étouffée par les aléas de sa triste existence et les souffrances. Elle s’est emmurée dans cette coque pour oublier sa disgrâce, oublier quelle étoile elle avait été.
J’aime bien discuter avec Fernande, mais plus encore, j’adore la suivre dans ses déambulations métropolitaines. C’est comme un pèlerinage pour elle ces variations autour du Quartier Latin, son cabas aux souvenirs à la main. Le soir, souvent, nous partageons un petit verre dans sa loge autour de ses réminiscences…c’est l’une des rares concierges qui demeurent encore, sans doute parce que le propriétaire, grand amateur de Zola, l’a prise en pitié. Elle me raconte sa vie de strass, ses souvenirs de paillettes et de trahisons ; elle me les montre aussi et moi, je les immortalise. C’est mon métier la photographie. Pour l’instant, je fais dans l’alimentaire pour un magazine automobile. J’ai pourtant une sainte horreur des voitures. Comme Fernande, je préfère le « subway ». On y voit davantage le monde en noir et blanc, et pourtant c’est un univers parfaitement bigarré. Le comble du plaisir pour un photographe !
C’est d’ailleurs dans l’un de ces couloirs que je les ai rencontrés, elle et son cabas. Elle avait trébuché et renversé son sac…je l’ai aidée, médusé, à ramasser un étrange costume à paillettes et un masque à plumes, un peu défraichis, comme Fernande, mais sans aucun doute riches d’émotions anciennes. Elle me raconta qu’elle ne s’en séparait jamais. J’avais besoin d’un toit, elle avait envie de parler. J’avais envie d’un cliché, elle avait besoin d’un peu de chaleur. On fait des arrangements comme cela parfois, au hasard de la vie.
Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une ancienne meneuse de revue de l’Alcazar reconvertie dans la conciergerie. Ce n’est pas tous les soirs non plus qu’on découvre les secrets de la samba, du french cancan et du sexe dans une loge parisienne.
Non !!! N’allez pas croire que….oh vous avez cru que….ah les raccourcis de la pensée parfois ! Mais non, Fernande c’est comme une mère, une amie capable de vous expliquer, sans excès de pudeur, comment s’y prendre avec les femmes. C’est qu’elle a de l’expérience !
Mais Fernande c’est aussi tout un univers, le Paris de la fête des années 70, le Paris des amours violents, traitres et dévastateurs, des paradis artificiels…une vraie cour des miracles ! Le cimetière des destinées perdues, des « stars » fauchées en plein ciel, sous les feux de la rampe, des étoiles déchues qu’il faudrait rendre à l’éternité.
Alors oui, je l’avoue, quand je pense à Fernande, celle d’hier et d’aujourd’hui, j’ai l’appareil qui bande….
Très beau texte, vraiment !
J’aimeJ’aime
Merci ma Belle, mais j’aime beaucoup aussi le tien, vraiment.
J’aimeJ’aime
Jolie jeu de mot final !
J’aimeJ’aime
J’ai éclaté de rire en voyant le titre de ton texte 🙂
Le joli récit d’une jolie rencontre…Le jeu de mots final est effectivement extra !
J’aimeJ’aime
Super! Le but était de faire rire aussi !
J’aimeJ’aime
Magnifique texte (et superbe titre !), j’aime beaucoup le jeu de mots. Il n’y avait donc pas de poireaux dans ce cabas…
J’aimeJ’aime
ou alors des poireaux tout de strass et de paillettes…
J’aimeJ’aime
Un texte magnifique !
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup Sara! Moi j’aime beaucoup ton style incisif!!!!
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup, une très belle rencontre et très belle écriture!
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour ce commentaire qui m’encourage à continuer le jeu des mots.
J’aimeJ’aime
Oh, ben dis donc, il y a beaucoup d’émotions, dans ton texte.
J’aime beaucoup!
J’aimeJ’aime
Merci Sarah, cela me touche!
J’aimeJ’aime
j’apprécie beaucoup toute l’histoire que tu nous contes, une rencontre pas si improbable quand on a le coeur ouvert…
je retrouve Paris post 68 !
bravo
bonne journée
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire.
J’aimeJ’aime
J’adore! C’est très étonnant, comme toujours 🙂
J’aimeJ’aime
Je suis à chaque fois épatée par la richesse de ton écriture. J’aime beaucoup et voudrais en lire plus.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup Leiloona, mais pour l’instant j’ai plutôt renoncé à l’écriture…en dehors de ton atelier…
J’aimeJ’aime